L'AUTRE NOEL ?
L’autre Noël ?
Messages
de Noël ! Vœux de Nouvel An ! Les courriers déjà reçus à ce jour sonnent
étrangement. Après les bons sentiments d’usage, tous évoquent les graves
circonstances de notre inquiétante actualité. Surgissent alors des spectres
alarmants : une guerre qui se rapproche, un environnement qui se dégrade, les
violences devenues banales, la dangereuse polarisation politique, les périls
engendrés par les réseaux sociaux, sans compter le fantôme de l’IA, etc…
Comment retrouver la « magie de Noël » dans une conjoncture si
anxiogène ?
Je relis
les récits bibliques qui racontent la naissance de Jésus. Peut-être avons-nous
un peu oublié, sous ses atours romantiques, quelques situations moins romanesques.
Noël, si
l’on en croit les évangiles, ce fut aussi un couple de voyageurs auquel on
refusa tout accueil digne, un accouchement en urgence dans une étable, le
massacre des enfants innocents de Bethléem et l’éprouvante fuite en Egypte de
la sainte famille. Dans notre piété chrétienne, nous retenons surtout le chant glorieux
des anges dans les cieux, les bergers si bienveillants et la générosité des
mages avec leurs précieux cadeaux. Et nous avons bien raison, car rien ni
personne ne doit suspecter ou gâcher l’allégresse de Noël, Emmanuel, Dieu avec
nous dans l’Enfant de la crèche.
Mais ce
n’est pas manquer de ferveur noélique que de rappeler l’autre face du mystère. L’incarnation
du Fils de Dieu n’est que le premier acte d’un autre évènement. L’ombra de la
croix plane déjà sur les commencements du pèlerinage christique. La présence de
Marie de Bethléem au pied de la croix de Jésus à Jérusalem fait le lien entre
la Nativité et la Rédemption par le sacrifice d’amour du Christ. A condition de ne pas en rester là, comme il
convient de ne pas camoufler Noêl dans les effluves de la sentimentalité.
Noël
comme la croix nous pressent de passer à Pâques. La crèche et la croix ne
seraient-elles pas constituées du même bois ? Mais heureusement l’ouverture
du tombeau dans l’alleluia de Pâques a tout bouleversé, tout éclairé, tout
transfiguré. Noël est devenu Pâques. Nous en sommes là maintenant.
Alors, même
les obscurités qui risquent de ternir la joie de Noël, parce que nous avons
encore quelques motifs d’angoisse intime ou sociétale, doivent laisser briller dans
nos nuits une lueur déjà toute pascale. Nos relations interpersonnelles, nos
engagements dans l’Eglise, nos investissements dans la société peuvent se
glisser humblement près de Jésus à la crèche. Lui nous aidera à enfouir déjà des
ferments de pâque dans la pâte de nos jours. Ce peut être des moments de foi
priante, des signes d’espérance malgré tout et surtout des étincelles d’amour
allumées au ciel de nos rencontres humaines. Alors Noël restera joyeux et la
nouvelle année sera encore meilleure.
A vos
souhaits !
Claude
Ducarroz A paru sur le
site cath.ch le 18 décembre 2025
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