Quand Jésus fait la noce...
Quand Jésus fait la noce…
Petite méditation sur l’évangile de
Cana Jn 2,1-12
Etre à la noce ! Faire la noce ! Pour Jésus, c’est
assez dans sa culture religieuse. Il connait l’histoire -et les histoires- de
nombreux couples bibliques, avec leurs heurs, bonheurs et malheurs. Il a
surtout goûté la spiritualité de l’alliance d’amour de Dieu avec son peuple
Israël, telle qu’elle s’exprime à travers les paraboles des relations de couple
et de famille, dans la complexité des expériences de tendresse, de fidélité, de
réconciliation et de pardon, etc… Dieu et Israël : une relation très mouvementée…
jusqu’à la promesse d’une alliance nouvelle et éternelle. Cf Jr 31-33
Il y avait un mariage à Cana en Galilée
Et il y avait du beau monde puisque Jésus avait été invité.
Sans s’imposer, il aime être là où il y
a une fête de l’amour et de la vie, car c’est un peu dans son ADN à la fois
divin et humain. Mais il ne vient jamais seul. Pas étonnant : sa mère
aussi était là, à savoir la femme -comme il l’appellera bientôt Jn 2,4 - et la mère, le premier calice
d’amour qui accueille et fait grandir la vie. Marie de Nazareth, celle qui fut
choisie pour incarner définitivement l’alliance d’amour de Dieu avec toute l’humanité,
dans son corps immaculé et par sa foi libre. Une alliance qui eut bientôt le
visage personnel de Jésus, fils de Dieu et son enfant.
Et les disciples de Jésus aussi étaient présents. Autrement
dit l’Eglise, celle qui est à la fois mariale et apostolique, appelée déjà à
témoigner et à collaborer, en vue du signe d’un beau mariage dans l’amour.
Même au cœur de la fête, il manque toujours quelque chose,
ou quelqu’un. Un problème, une épreuve, ça fait partie de l’aventure humaine. Il
n’y a pas de couple parfait, ni de famille impeccable, même dans la canicule de
l’amour.
Sale temps pour l’ambiance : ils n’ont plus de vin. Qui
le remarque et le fait remarquer ? Rien d’étonnant : la femme, la
mère, l’amie. Elle ressent, elle fait
part, elle insiste, elle invite. Une vraie femme et une vraie maman, en
somme !
Certes, c’est Jésus qui va, pour l’essentiel, trouver la
solution, à sa manière, mais pas tout seul. Tous les invités sont associés à la
merveille. Les serviteurs, jusque là plutôt à l’extérieur, sont désormais mobilisés
comme d’indispensables auxiliaires du miracle. Sur l’ordre de Jésus, ils
remplissent les cuves, mais c’est Jésus qui les fait déborder. Et puis surtout,
puisqu’il s’agit de la surabondance de l’amour, il faut partager largement et
servir généreusement. Alors, tout est transfiguré. Le plaisir devient joie, le
don devient par-don (don surajouté), l’ordinaire devient émerveillement. Et la
crise devient fête redoublée, car ce vin-là est meilleur que le premier, sous
la savoureuse résilience suscitée par la divine compassion de l’invité Jésus.
On peut en tirer deux applications.
La noce extraordinaire à Cana : l’évangile nous dit que
ce fut le premier signe de Jésus. Et pourquoi pas un premier « sacrement » ?
Par exemple au cœur de l’aventure humaine que sont le couple, le mariage, la
famille. Là aussi, surtout si Jésus y est invité avec son Eglise. Même au milieu
d’une foule anonyme mais émerveillée, Jésus est là, il fait ce qu’il faut pour
sceller et consacrer en lui l’amour et la vie, sous la discrète signature de sa
tendresse.
Et puis Cana exhale un parfum d’eucharistie. Un jour, ce super-vin,
multiplié à partir de l’eau ordinaire, deviendra le sang du Christ « versé
pour nous en signe d’alliance nouvelle et éternelle ». A chaque messe,
c’est un peu l’autre Cana, encore plus merveilleux que le premier.
Une petite anecdote. Parce que je crois qu’il y a deux
sacrements de l’alliance dans l’amour infini de Dieu – le mariage et
l’eucharistie-, je pose l’hostie consacrée sur l’alliance que je repère au doigt
de celui ou celle qui communie en tendant sa main comme un humble mendiant. Et
je demande au Seigneur de toujours re-marier en son corps sacré celui et celle
qu’il a déjà marié dans l’alliance de leur amour conjugal.
Car je le crois très fort : tout mariage chrétien a un
goût d’eucharistie, et toute communion eucharistique a quelque chose de
conjugal. Jésus n’a-t-il pas promis : « Celui qui mange ma chair et
boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui. » Jn 6,56
En Amour, qui dit mieux ?
Claude
Ducarroz
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