Homélie Noël 2024

 NOEL 2024

Joyeux Noël !

Lequel ?

Je ne parle pas du Noël commercial qui brille encore de mille feux, signe d’un immense besoin de lumière, et aussi de consommations de toutes sortes, dans les creux des corps et des cœurs.

Je ne parle même pas du Noël des solidarités qui ruissellent dans toutes sortes d’initiatives bienvenues, signe de beaucoup de bienveillances et de générosités, jusqu’au milieu des erreurs et des horreurs de notre temps. Merci à celles et ceux qui ajoutent de la lumière et de l'amour dans nos nuits.

Je parle du vrai Noël, à savoir une nativité, une naissance. Et même de trois. Car il y a, en vérité, trois Noëls dans le mystère du Christ. Et autant dans notre humaine destinée.

 I .  A. « Engendré, non pas créé », chante le Credo. Engendré comme Verbe et Fils, éternellement, du Père dans l’Esprit. Premier Noël trinitaire chez Jésus. Il convient de rester humblement à genoux devant un tel mystère, quand l’Amour majuscule se déploie depuis toujours en trois personnes de parfaite communion dans le partage de la même divinité.

B. « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » L’incarnation à Nazareth, la naissance à Bethléem forment le deuxième Noël de Jésus. Car il est devenu un véritable humain parmi nous, conçu du Saint Esprit, né d’une femme d’Israël, Dieu qui devient notre frère dans la personne mystérieuse de ce Jésus de Nazareth, si semblable et si unique à la fois. Présenté à des bergers -pauvres et exclus- et chanté par des anges. Noël !

C. Mais il y a en Jésus un troisième Noël, la naissance ou plutôt la renaissance pascale, qu’il avait lui-même comparée à un enfantement (Cf Jn 16,21-23).

Passer de la mort à la vie, après avoir traversé les ravins qui l’ont conduit de la vie à la mort : quelle plus belle nativité, une re-naissance dans la gloire de Dieu pour toujours, le retour à ses origines trinitaires désormais revêtu de notre pauvre humanité ! 

Trois Noëls pour Jésus. Tant mieux pour lui, diront certains. Et nous alors ? 

Eh ! bien pour nous aussi, trois Noëls. C’est la joie ajoutée de ce jour.


II.  A. Nous avons aussi un premier Noël. L’apôtre Paul nous dit, à propos de chacun de nous, que nous avons été « engendrés en Dieu dès avant la création du monde », que nous avons été choisis -on pourrait dire rêvés et désirés- par Dieu depuis toujours, que nous sommes des prédestinés à la vie et à l’amour sur le modèle du Christ Jésus.  (Cf Ep 1,3-5). Tel est notre premier Noël en Dieu lui-même.

B. Et nous sommes aussi promis, comme Jésus, à une « incarnation », en venant dans le monde, dans ce monde, tels que nous sommes, de corps, d’esprit et de cœur, depuis nos mystérieux Bethléem familiaux jusqu’à notre destinée personnelle et sociale. Entre notre naissance et notre mort.

C. Mais sans oublier l’Eglise qui, heureusement, nous rappelle sans cesse le troisième Noël qui va du baptême à l’entrée dans la vie éternelle. 


Elle est comme une mère féconde qui ne cesse de lancer de nouvelles invitations fraternelles à suivre Jésus sur nos chemins de croix, certes, mais avec l’espérance  - mieux encore- l’assurance- de déboucher sur la renaissance de Pâque, avec Jésus, comme Jésus. 

Dans le Royaume de Dieu, le sein paternel et maternel, pour la vie éternelle.


III. Tel est l’itinéraire de nos trois naissances très bien coordonnées par Dieu, surtout si nous pouvons en franchir les étapes avec la lumière de la foi, avec la sécurité de l’espérance, avec les consolations de l’amour abondamment reçu pour être ensuite généreusement redonné autour de nous, et d'abord aux plus pauvres, aux petits et aux exclus de notre humanité.

Nous allons donc de Noël en Noël. Car cette triple fête est inscrite par pure grâce dans notre ADN humain.

 Comme créatures de Dieu le Père, comme sauvés par le Christ de Noël et de Pâque, comme temples de l’Esprit qui maintient en nous la flamme d’une identité qui nous dépasse, et surtout nous porte et nous emporte : venir de Dieu, passer par Dieu, retourner en Dieu, personnellement, mais aussi en peuple immense.

De tout cela, nous faisons mémoire vive, que ce soit, comme ce matin, si possible dans le cortège de l’Eglise, car c’est elle, malgré tous ses défauts, à l’image des nôtres, qui sans cesse nous rappelle notre origine en Dieu, notre conformité au Christ, notre destinée finale en eux avec l’Esprit. Quelle merveille ! quel trésor ! quel cadeau !

Accueillons-le maintenant dans la reconnaissance et dans la joie. Car cette eucharistie est le carrefour de tous les Noëls.

 Il y a la parole -lue ou chantée- qui ne cesse de nous éclairer pour aller de l’avant tout au long du pèlerinage humain ; il y a la présence réelle de Jésus, notre Seigneur et notre frère, dans le repas fraternel ; il y a aussi l’Esprit qui soutient la communauté des croyants, afin de soulever peu à peu toute la pâte humaine, jusque dans la maison du Père, notre crèche pour notre Noël éternel.

Avec Marie, il ne s’agit pas tellement de remettre l’Eglise au milieu du village, mais de refaire Eglise en nous rassemblant, avec elle, auprès de la crèche, au pied de la croix et autour de la table pascale. Encore trois rendez-vous !

Trinité de Noëls. Noël trinitaire.

Oui, vraiment : joyeux Noël !

Claude Ducarroz







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