Saint Jean Baptiste... et 60 de ministère de prêtre!

 

Saint Jean-Baptiste

Montbrelloz, le 22 juin 2025

Jean-Baptiste, notre saint patron. Quelle énigme ! Que de questions !

Elles étaient déjà posées en face par ses contemporains. Dès sa naissance : « Que sera donc cet enfant ? »  Et bientôt : « Qui es-tu ? Que dis-tu sur toi-même ? » Et encore plus tard : « Tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie ».

A de telles questions, il y a toujours trois réponses pour la Bible : une mystérieuse humanité, une fervente relation et une belle mission.

·         Jean-Baptiste : un homme parmi d’autres, mais assez original, par sa naissance miraculeuse, par son style de vie déconcertant, par exemple lors de son séjour austère au désert. Mais sans oublier cette remarque de Jésus lui-même : « Parmi les enfants des femmes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean-Baptiste ».

·         En réalité son plus profond secret réside précisément dans sa relation privilégiée avec le Christ. Il est l’ami de l’époux, tout à son service, car il fallait, dit-il lui-même, « que Jésus grandisse et que moi je diminue », tellement son cousin de Nazareth était plus grand que lui, à savoir la lumière du monde, celui qui baptise, pas seulement dans l’eau – comme lui dans le Jourdain- , mais dans l’Esprit Saint et dans le feu.

·         Jean en avait conscience. C’était déjà merveilleux d’être le précurseur du Sauveur, son messager intrépide, son témoin fidèle.

·         Tout cela dans l’accomplissement de sa mission de dernier et grand prophète, envoyé par Dieu au milieu de son peuple, y compris face à ses chefs, courageusement, quitte à le payer par son martyre.

C’est donc d’abord ce grand saint que nous commémorons en ce jour, dans ce village placé sous sa protection, en fonction de sa longue histoire liée à l’ordre de Malte, dont Jean-Baptiste demeure le patron depuis sa fondation en l’an 1048.

Voilà pour Jean-Baptiste, brièvement.

Mais aujourd’hui, on ne va pas le cacher, on parle aussi du prêtre, notamment à l’occasion de mon jubilé d’ordination, avec une mention spéciale pour la première messe célébrée dans cette même  « nouvelle église », le 11 juillet 1965.

Dans le contexte de notre société de plus en plus sécularisée, et au cœur d’une Eglise qui traverse aussi des turbulences et des épreuves, la question se pose aussi : le prêtre, un prêtre, c’est qui ? pourquoi ? pour quoi ?

Il me semble qu’on peut aussi donner quelques réponses à trois degrés, comme pour Jean-Baptiste. Le prêtre ? un humain parmi d’autres, un disciple du Christ Jésus, un missionnaire en plein monde.

·         Le prêtre est d’abord un humain comme les autres. Je le mesure tellement ici aujourd’hui parce que c’est ici que sont mes racines, à savoir la terre et la maison de famille, les relations de parenté et de voisinage, avec encore la solidarité des vivants et surtout la communion avec nos chers défunts, désormais vivants dans la Pâque du Christ.  

Quelle dignité, quel mystère, que d’être comme tout le monde, des êtres de chair et de sang, de qualités et de défauts, de richesses et de faiblesses, de convictions et de questions, avec les mêmes besoins d’aimer et d’être aimé, y compris grâce à votre pardon.

Merci à vous ici, et à travers vous à beaucoup d’autres, rencontrés et parfois seulement croisés sur les sentiers ordinaires de ma vie. Oui, merci de nous aider à rester proches, simples, fraternels : en un mot d’abord « humains ».

·         Creusons maintenant, si possible, au cœur d’un deuxième mystère, le mien qui est aussi le vôtre. Nous sommes aussi des baptisés, oui des disciples et des amis de Jésus, des chrétiens en voie de développement.

Nous marchons en boitant, entre l’humilité des pauvres pécheurs et la sainteté de toutes les miséricordes pascales.

 

 En route, il nous arrive aussi de tomber, mais à notre horizon brille toujours la douce lumière de l’Evangile, celui des béatitudes, qui promet toujours un certain bonheur aux pauvres de cœur, aux artisans de paix, aux militants pour la justice, aux miséricordieux, etc… « Heureux », oui, déjà ici-bas, et encore plus dans le Royaume des cieux.

Et tout cela -svp ne l’oublions jamais-, nous pouvons le recevoir comme grâces et le vivre comme partages dans la communion de l’Eglise. Oui, l’Eglise, malgré ses lenteurs ou même ses erreurs, elle fait tellement partie du cadeau christique.

L’Eglise que nous sommes tous, pas seulement notre Eglise, mais l’Eglise universelle, oecuménique, pas une Eglise cléricale, mais vraiment communautaire, et même synodale, comme disait le pape François. Soyons l’Eglise, aimons l’Eglise, aidons l’Eglise.

·         Et le prêtre alors, là au milieu, cet homme, ce chrétien ? Sans être au-dessus des autres, il a bien sûr une mission particulière. Elle vient de Dieu – on peut appeler cela une certaine mystérieuse « vocation ».             

Elle passe par l’Eglise, avec le signe sacré de l’ordination par l’évêque. Pour moi, elle a éclaté parmi vous lors de la fête de la première messe il y a 60 ans.

 Mais surtout cette « mission spéciale » s’est diffusée, elle ruisselle encore, tout au long de la vie. Pour vous, avec vous, au milieu de vous, dans l’amour.

 Oui, ça continue :

·         par la prédication de la Bonne nouvelle -sous des formes fort variées-,

·         par la célébration des sacrements – à commencer par l’eucharistie-,

·         par la vie de prière partagée dans l’Esprit Saint

·          par l’animation des communautés,

·         par la présence rayonnante au cœur du monde, au service de tous, en Eglise inclusive, « à cause de Jésus et de l’Evangile ».

Jamais seul. Je le répète : pour vous, avec vous, et souvent grâce à vous. Je suis encore un prêtre heureux !

Alors continuons d’être des humains ensemble, dans toutes les solidarités possibles, et aujourd’hui sur les réseaux sociaux évidemment. Continuons d’être des chrétiens ensemble, dans tous les liens d’Eglise, si fragiles qu’ils soient, mais combien précieux.

Et dans tous les ministères possibles, y compris ceux des femmes, pour un beau témoignage rendu ensemble à Celui qui ne cesse de nous donner le mouvement et l’être, et surtout la vie, y compris la vie éternelle.

Claude Ducarroz

A l’occasion de mes 60 ans d’ordination et de ministère presbytéraux.

 

 

 

 

 

 

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