Homélie pour l'A Dieu à frère Masseo Caloz

 HOMELIE

+Masseo Caloz

Emmaüs  Lc 24,13-35

Bravo François d’Assise ! Tu as bien réussi ton coup. Masseo, c’était l’un de tes premiers compagnons, toujours près de toi. Et tu es venu chercher le nôtre, deux jours avant ta fête du 4 octobre, pour enrichir ta communauté de gloire dans la lumière pascale. Bonne fête… à tous les trois !

Jean-Joseph Caloz, devenu disciple de Jésus par le baptême, toi frère Masseo, notre humble compagnon de route humaine et chrétienne, avec nous et pour nous en pèlerinage biblique, au carrefour de l’eucharistie, en fraternité de l’Eglise en marche. Merci !

Trois pages de sa vie se tournent aujourd’hui, ou plutôt elles s’impriment définitivement ailleurs, dans le grand livre du Dieu vivant.

Il s’approcha et il marchait avec eux.

Jésus bien sûr, mais aussi Masseo avec lui… et avec nous.

Sur la première page, celle qui a commencé dans le Valais natal de Masseo Caloz, entre montagne et vallée, voici qu’on y écrit le point final. 

Cette page est remplie de souvenirs bénis, par le partage des affections familiales, par la simplicité de vie, par la piété sincère, par l’ouverture sur les autres. 

Merci à la famille Caloz d’avoir offert en lui, à l’Eglise et à nous, une si belle humanité. Celle qui donne la main sans posséder, elle qui recueille les questions essentielles dans le respect des personnes, celle qui accompagne avec une amitié fidèle et souriante. 

Il leur expliquait dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

Et voici l’irruption de la Bible, la Parole de Dieu.  Une page ? Un grand livre, des livres qui deviendront les compagnons incontournables de la vie de Masseo, qui tisseront la trame la plus profonde de son existence et de ses activités. Tant de pages éclaireront et réchaufferont son cœur, et les nôtres grâce à lui, jusqu’à la fin de ses jours. 

Pour Masseo, la Bible, c’est une antique fréquentation, et notamment depuis ce jour de Noël 1955 quand sa marraine, à sa demande et pour son anniversaire -il est né un 24 décembre- lui offrit la Bible de Maredsous, qu’il a lue presque aussitôt, de la Genèse à l’Apocalypse. Il avait trouvé sa vocation et sa mission.

Déjà plus qu’une simple curiosité : une passion dévorante pour le trésor de la Parole à la fois brûlante comme un feu et douce comme le miel. 

Encore un point final : dimanche passé, quelques heures avant son grand départ, j’ai trouvé Masseo la main sur la Bible de Jérusalem posée sur sa table. Il venait sans doute de l’ouvrir, peut-être pour la dernière fois en ce monde. 

Goûter et faire goûter les Ecritures, à sa façon, à la fois compétente, humble et fraternelle, c’est ce que Masseo a fait dans sa vie, ce qu’il a fait de sa vie. 

Telle est la liste impressionnante de dossiers bibliques thématiques – environ 50 -, soit presque 1000 pages laissées en précieux héritage, car elles sont encore à votre disposition sur le site de la Fondation Jacques Loew, sans compter ses cours durant 35 ans à l’Ecole de la foi et des ministères. 

Savez-vous que dans cette école fondée par le Père Jacques Loew en 1969, près de 2000 étudiants .-qu’on appelait disciples,- ont bénéficié du rayonnement personnel et intellectuel de frère Masseo ? Quel cadeau !

Il faut le reconnaître : grâce au ministère de Masseo, beaucoup parmi nous ont mieux expérimenté combien la Parole de Dieu pouvait être « lampe pour nos pas, lumière sur notre route » Ps 119,105) 

Je ne saurais oublier les sessions, les conférences, les retraites, les entretiens personnels. 

A ce point, il faut bénir et remercier la fraternité des Capucins qui lui permit, non seulement une excellente formation, mais aussi un exercice généreux de ses charismes qui débordèrent largement dans plusieurs pays d’Europe, d’Afrique et encore ailleurs, notamment en France et en Belgique où il compte, encore aujourd’hui, des amis très reconnaissants.

Et ils le reconnurent à la fraction du pain… Et tout joyeux ils se le dirent entre eux : Le Seigneur est vraiment ressuscité.

Vient la dernière page, celle qui s’ouvre maintenant pour ne jamais se refermer ici-bas : la rencontre du ressuscité. 

Masseo y croyait. La table de la parole et celle de l’eucharistie sont les avant-gouts du banquet des noces de l’Agneau, dans la vie et la gloire éternelles. 

Finalement, en nous donnant la main par sa présence fraternelle, par ses compétences bibliques et par sa foi partagée en Eglise, Masseo nous a conduits jusqu’à la porte qu’il a lui-même franchie maintenant.  Il a entendu la voix de celui qui a dit, pour le réaliser, y compris un jour pour nous :  Je me tiens à la porte et je frappe, Celui qui entend ma voix et ouvre la porte, je prendrai la cène avec lui et lui avec moi. Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi auprès de mon Père.

Par cette célébration d’à Dieu, nous le laissons partir vers ce rendez-vous de fête partagée autour du Christ pascal, dans la communion des saints. Il est accueilli par frère saint François et le premier Masseo, car sœur la mort n’est qu’un passage vers la bienheureuse communion avec le Ressuscité, selon cette promesse du livre de l’Apocalypse 22,7 : Heureux celui qui garde les paroles de ce livre. Voici, je viens bientôt.

Masseo, entends et vois :  il est venu, tu es donc arrivé !


Claude Ducarroz




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