Le problème de la gifle

7ème dimanche ordinaire A,  Matthieu 5, 38-48

 

Ca recommence ! Ou plutôt, ça continue.

Pourtant, ça avait bien commencé : les 9 béatitudes, avec leur promesse de bonheur.

Mais ensuite – comme aujourd’hui -, on retombe dans la morale : ce qu’il faut faire … ce qu’il ne faut pas faire.

Et ça tombe d’autant plus mal en ce dimanche de Carnaval, quand il semble que tout est permis. On a le droit de se lâcher, de se laisser aller !

Attention ! Quand il s’agit de morale chrétienne, il faut commencer par le bon bout, sinon on s’enferme dans des carcans qui deviennent vite insupportables, des liens qui deviennent des chaines. Nous sommes des humains, mais pas n’importe qui.

Avec deux conséquences, qui devraient être considérées comme des « bonnes nouvelles ».

Nous avons un Père, Dieu lui-même, qui a eu l’audace – peut-être aussi de l’imprudence – de nous créer à son image. Et ce Père est l’Amour même. Il nous invite donc à l’imiter, dans le registre de l’amour.

Et là, c’est vrai, l’évangéliste Matthieu met la barre très haute, trop peut-être : « Vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Heureusement, l’évangéliste Luc nuance un peu : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » !

Ouf ! Il y a encore de la place dans le cœur de Dieu pour incinérer nos inévitables misères au feu brûlant de son amour.

Et puis il y a un 2ème cadeau : les autres humains, mes frères et sœurs. Saint Paul nous rappelle que chaque personne humaine est un sanctuaire visité et habité par l’Esprit de Dieu. De sorte que, même quand l’autre cesse d’être aimable, il est encore possible de l’aimer, de prier pour lui,  de demander à Dieu de lui faire tout le bien dont il a besoin, y compris pour être meilleur.

Alors, avec les énergies de l’Esprit, peut s’enraciner, se construire et se développer une dynamique de remontée personnelle et communautaire … vers la source, vers Dieu.

C’est la bonne nouvelle proclamée par Sant Paul. : « Tout vous appartient – même l’Eglise des apôtres -, la vie, la mort, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

Quelle prodigieuse aventure humaine et divine avec Jésus !

Peut-être vous reste-t-il, comme une question, le problème de la gifle, avec l’autre joue qu’il faudrait tendre vaillamment, à nos risques et périls. Pour trouver la solution, il faut aller vérifier chez Jésus lui-même, car il fait ce qu’il nous invitait à faire comme lui.

Dans le récit de la Passion selon Saint Jean, l’un des gardes donna une gifle à Jésus. Jésus n’a pas riposté au même niveau. Mais il a entrainé son ennemi à un niveau supérieur, parce qu’il croyait – malgré tout – à sa dignité humaine. Il l’a élevé au niveau de sa conscience, ce sanctuaire dans lequel seul l’Esprit de Dieu peut entrer et transfigurer.

Jésus lui a posé deux questions, imparables, avec toute la douce violence de son regard d’amour : « Si j’ai mal parlé, montre où est le mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »

Voilà la méthode de Jésus de Nazareth. Parfois un regard silencieux peut déjà suffire. De bonnes questions, sans vengeance et sans violence, achèvent l’ouvrage. Avec si possible, comme Jésus, l’énergie pascale du pardon.

Alors tout peut ressusciter avec l’amour plus fort que tout.

Claude Ducarroz

 

 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Quand Jésus fait la noce...

Le jugement qui bouscule l'Eglise catholique

Oecuménisme. Un nouveau souffle SVP