Homélie - 3ème dim. Avent 2022
Homélie
3ème dim. Avent 22
Mt 11,2-11
Deux questions – Deux réponses dans cet évangile.
La première question paraît étrange puisque Jean-Baptiste se
demande si Jésus est bel et bien celui qui doit venir, ou s’il faut en attendre
un autre. Peut-être est-il envahi par
des doutes du fond de sa prison. Ou alors a-t-il voulu que ses disciples aillent
demander cela directement au Christ pour être plus au clair eux-mêmes.
La réponse de Jésus est aussi un peu déconcertante. Elle
n’est pas une réponse d’identité ferme, ni théorique, ni même théologique.
Jésus renvoie simplement à ce qu’il fait, qui doit indiquer quelle est sa
personnalité, à savoir celle du Messie puisqu’il libère les prisonniers, guérit
les malades, annone la bonne nouvelle aux pauvres, et même ressuscite les
morts. Autant d’actions que les auditeurs auront reconnues dans la prophétie
d’Isaïe. Autrement dit des indices assez clairs : Jésus est l’envoyé de
Dieu pour le salut de son peuple.
Mais Jésus pose à son tour une question, à propos de Jean. Qui
est-il en vérité ? C’est aussi très clair : Jean est plus qu’un
prophète, mais cependant il n’est pas le Messie. Il est à son service, le
messager qui le précède et l’annonce, celui qui le désigne en transparence.
Afin que tous puissent le connaître et le reconnaître au milieu d’eux. Au point
de vouloir le suivre jusque dans son Royaume. En ce sens, nous sommes tous plus
grands que Jean, nous sommes après lui, dans le Royaume advenu.
Que retenir pour nous aujourd’hui ? Beaucoup se posent
les mêmes questions au sujet de Jésus. Qui est-il vraiment ? En fonction
de ce qu’en disent les Evangiles, en fonction aussi de ce qu’en laissent voir
celles et ceux qui se réfèrent à lui. A nous, qui essayons de mieux le
connaître et le faire connaître. La figure de Jésus domine notre histoire. Son
mystère continue d’éclairer notre humanité comme une source de curiosité, parfois
comme une force d’attraction, comme une puissance de salut.
Je crois que son Esprit est à l’œuvre en toute conscience
humaine. Mais je crois aussi que la foi, en son propre mystère, n’est pas une
évidence. Elle est une victoire sur nos doutes et nos questions, une lumière au
bout du tunnel de nos recherches. Un saut dans la confiance, plus forte que
toutes les raisons que nous pourrions avoir de ne pas croire. La foi est une
aventure pascale.
De nos jours, le plus problématique vient – ce me semble- du
côté des prophètes, de ceux et celles qui devraient être des Jean-Baptiste
modernes., de ceux qui ont pour mission de mieux faire connaître le Sauveur,
dans sa vie, sa mort et sa résurrection. Autrement dit de nous, l’Eglise,
communauté des baptisés-prophètes en notre temps.
J’entends et je vois surgir beaucoup de doutes et remises en
questions au sujet de l’Eglise, de sa personnalité et surtout de son personnel.
Dans certains éloignements, dans
certains exils par rapport à notre Eglise, n’y aurait-il pas la même interrogation :
est-elle celle qui devait venir ou devons-nous en attendre, en chercher, en
inventer une autre ?
Derrière les appels pressants au renouveau et à des réformes
-y compris ceux qui viennent du pape François- pointe un vibrant soupir pour de
nouveaux Jean-Baptiste, vers une Eglise transformée, pas nécessairement une
autre Eglise, mais une Eglise autre.
Soyons donc actuels, soyons courageux, soyons tout
simplement disciples de Jésus, dans une Eglise animée par l’Esprit de
l’Evangile, dont on sait qu’il souffle où il veut.
Être d’humbles Jean-Baptiste aujourd’hui ? Oui, ça
pourrait, ça devrait être nous.
Avec la grâce de Dieu évidemment
Claude Ducarroz
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