Troisième dimanche de l'Avent
3ème dimanche de
l’Avent
12 décembre 2021
Homélie
Luc 3,10-18
Enfin un peu de joie dans ces liturgies de l’Avent. Et
même beaucoup.
Dans la lecture du prophète Sophonie, Israël est invité à
bondir de joie, à éclater en ovation parce que le Seigneur son Dieu est en lui.
L’apôtre Paul en rajoute une couche en écrivant aux
chrétiens de Philippe : « Soyez toujours dans la joie, car le
Seigneur est proche. »
Et que va dire notre Jean-Baptiste, souvent considéré
comme un prophète de malheurs ?
Il a accompli son travail. Il a baptisé des gens dans
l’eau du Jourdain, non sans les avertir : « Il vient celui qui est
plus fort que moi. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » Le
précurseur est assez fidèle à lui-même. Il annonce du blé à battre et de la
paille à brûler au feu, mais c’est quand même, globalement, une bonne nouvelle,
celle du salut par le Sauveur, le Christ.
Les gens ont bien compris. Le baptême -tout baptême- est
une plongée dans le bain de la miséricorde de Dieu. C’est une grâce totale,
gratuite, sans condition. Une grande histoire d’amour.
Mais on ne ressort pas de cette immersion comme on y est
entré. On peut appeler cela une conversion, ou une transfiguration, ou un
passage pascal. Être baptisé, ça change la vie, ça change ma vie.
Elles l’avaient bien compris, les foules qui se
pressaient au bord du Jourdain. C’est pourquoi les gens demandent spontanément
à Jean-Baptiste : « Que devons-nous faire maintenant ? »
On aurait pu s’attendre à des conseils très religieux, à
des injonctions spirituelles, à des invitations mystiques. Et les réponses du
Baptiste sont étonnamment concrètes, et même assez terre à terre.
Bien sûr, elles ne disqualifient pas la religion, ni la
spiritualité, ni la mystique. Mais elles s’adaptent merveilleusement à la
condition de la vie présente des interlocuteurs. C’est de la pastorale de
proximité et de milieu.
+ Vous avez bien assez pour vivre confortablement, de
quoi vous nourrir -et même un peu trop ? De quoi vous vêtir, et même avec
des réserves dans les armoires ? Alors : « Celui qui a deux
vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas. Et celui qui a de quoi
manger, qu’il fasse de même. »
+ Tiens ! Voilà des publicains, autrement dit des
collecteurs d’impôts. De braves fonctionnaires, mais pas toujours très
regardants sur les montants encaissés.
Eh! bien n’exigez
rien de plus que ce qui est fixé. Ca va de soi, me direz-vous. Pas pour tous ni
partout, comme on le constate encore de nos jours.
+ Et voilà les soldats, droits dans leurs bottes et prêts
à sévir. C’est leur métier, en somme. Trois devoirs basiques pour eux : ne
faire violence à personne, n’accuser personne à tort et se contenter de la
solde. Et toc !
Devant ces évidences de probité personnelle et de justice
sociale, on pourrait se contenter d’une petite vie honnête, la conscience
tranquille, sans plus. Nous ne sommes ni tueurs ni voleurs, n’est-ce pas ?
Mais derrière ces
attitudes de bon sens moral, il y a des enjeux plus importants, ce que le Christ
est venu apporter à chacun de nous et à toute l’humanité.
+ Aux personnes, une certaine paix intérieure, que nous
pouvons explorer et même accroître dans les moments de silence, de
recueillement et de prière.
+ Dans nos relations sociales, une certaine fraternité au
quotidien, qui peut avoir le goût d’un petit bonheur, précieux même s’il est
fragile, parce qu’il est partagé de bon cœur.
+ Sans oublier la promesse qui dépasse tous nos désirs et
tous nos efforts : un salut qui sera pleinement accompli dans le Royaume
de Dieu. A ne jamais oublier.
C’est tout cela,
du plus terrestre au plus céleste, du plus humain au plus divin, que le Sauveur
Jésus est venu offrir au monde.
+ Se contenter d’un humain terre à terre, c’est couper
les ailes des espérances qui nous habitent, et qui pointent vers la vie
éternelle.
+ Se réfugier dans le pur surnaturel, c’est refuser à la
fois le mystère de la création par Dieu, de l’incarnation du Christ dans notre
humanité, de la résurrection de la chair qui doit tout récapituler -nous, tout
nous et même l’univers- dans le retour du Christ en gloire
Noël approche. Il faut bien le reconnaître. Chez nous
globalement, dans les filets de la société de consommation, le manque d’élan
spirituel risque davantage de nous entraver que l’excès de religion.
Du moins, en suivant les bons conseils de Jean Baptiste,
que dans nos soucis, nos courses et jusque dans nos achats, nous cultivions la
sobriété heureuse, la générosité audacieuse et la spiritualité bienheureuse.
Le minimum humain
possible et même nécessaire, c’est que nous ouvrions nos yeux et nos cœurs sur celles
et ceux qui souffrent, sont isolés ou exclus, chez nous, et aussi au loin. Oui,
tous ces visages qui tapissent nos médias de leurs regards pleins de
silencieuses interrogations, vers Dieu et vers nous.
C’est bientôt Noël !
Chacun de nous, voudrait que tout aille mieux dans notre monde.
Mais chacun de nous, quel qu’il soit, peut faire quelque
chose, si peu que ce soit, comme des colibris d’évangile qui apportent leur
petite part, ne serait-ce qu’une goutte d’eau d’amour, dans la vasque pascale
de la fraternité universelle.
Alors, comme le dit l’apôtre Paul, « Que la
paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, garde nos cœurs et nos
pensées dans le Christ Jésus ». Un vrai bonheur !
En somme Noël avant Noël, et un Noël qui peut briller
chaque jour, en attendant qu’il devienne…toujours.
Claude Ducarroz
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