Pour + Marie-Jo Vasseur

 

+ Marie-Jo Vasseur-Sapin

C’est beaucoup ! c’est trop !

 Je pense d’abord à vous, Sabine et Xavier, et à vos enfants. Comme je comprends votre tristesse et aussi vos questions. Pierre est parti le 5 mars 2019, subitement. Et c’est maintenant Marie-Jo, votre chère maman et grand-man. Et dans quelles circonstances ? Elle était si vivante au milieu de vous, et aussi sur les réseaux sociaux. Facebook pleure aussi aujourd'hui. Et la trouver ainsi sans vie. Quel chagrin, augmenté par la douleur de n’avoir pu lui dire adieu !

 Mais au cœur de ce grand malheur, ce qu’on peut encore toujours dire, c’est l’amour, c’est la reconnaissance, et c’est même l’espérance. De tout notre cœur, avec une profonde gratitude, en puisant dans notre foi, nous le disons avec vous, nous, les nombreux amis de Marie-Jo et Pierre.

 Nous, ce sont les membres des équipes CPM, les amis de l’école et de la paroisse Notre-Dame, ainsi que de Montreux et Pully, sans compter tant d’autres, connus et inconnus que Marie-Jo a rencontrés dans sa passion du dialogue sur les moyens modernes de communication sociale. On est bien avec vous, ici et jusqu’en Belgique, pour vous donner la main de notre affection et de nos prières.

Nous devons tous beaucoup à Marie-Jo et Pierre, souvent depuis très longtemps. Et d’abord vous, leur famille évidemment. Mais là, c’est votre secret lumineux et béni, confié désormais à un douloureux silence, mis seulement en repos pour tout réveil ému dans le jardin de vos souvenirs. Ces souvenirs que vous saurez cultiver et ranimer dans vos rencontres en famille, car ils sont inoubliables, n’est-ce pas ? entre lettres et photos, entre sourires et larmes.

Oui, tant de gestes et de paroles qui vous ont donné la vie -et de la vie-, et surtout beaucoup d’amour. Au creux de leurs absences si éprouvantes, vous rallumerez souvent la chaude lumière de leur présence, avec vous, pour vous, parce qu’ils vous ont fait du bien, tant de bien, y compris avec la rigueur de certaines exigences, avec le rappel de certaines vérités. Car tout ce qui a été semé en amour ne peut que fleurir en étoiles dans nos nuits.

A notre façon, sincère et chaleureuse, nous aussi, leurs et vos amis, dans la riche variété de nos relations et de nos rencontres, tantôt fraternelles, tantôt pastorales, toujours très bienveillantes, nous pouvons répéter combien Marie-Jo et Pierre ont compté pour nous. Ils nous ont parfois remis en question, un peu bousculés même, mais toujours au bénéfice d’une salutaire réflexion humaine et même spirituelle.

Pour beaucoup parmi nous, cet humanisme a été accueilli avec reconnaissance, jusqu’à la célébration liturgique, car ces remarques provenaient en réalité de leur foi, de leurs engagements en Eglise. Mais attention ! La lucidité de tous les deux, et surtout le franc parler de Marie Jo, savaient s’enrober d’esprit critique bienvenu, car Marie Jo n’était pas l’humble servante d’une religion béni oui oui, mais la disciple debout d’une Eglise en marche.

Avec des investissements désintéressés, mais aussi exigeants. Pour construire, pas pour démolir, sur un chantier d’Evangile, pas dans un fauteuil de routine. Là, dans ses générosités sincères, Marie-Jo a apporté sa pierre, et aussi son Pierre, pour une Eglise inclusive, à la fois priante avec ferveur, mais aussi ouverte sur le monde et dévouée pour les pauvres et les petits.

C’est que son nom double était aussi un programme : Marie Jo. Elle avait au cœur les deux faces du Magnificat de Marie de Nazareth, la contemplative de la louange et la militante pour la justice, et en même temps le réalisme artisanal de Joseph pour rester les pieds sur terre, à son atelier de famille et d’Eglise, dans le concret des travaux évangéliques et médiatiques, le plus souvent sous la forme d’un beau service.

Vous avez choisi cette parole d’évangile si pleine de signification, avec une autre Marie -elle aussi submergée de larmes et de questions, de recherches et de trouvailles : la rencontre improbable et pourtant si réelle -et même sensible- entre Jésus ressuscité et Marie de Magdala.

Il y a tellement de Marie-Jo dans cette page vive. Sur les invitations intérieures de Jésus, comme cette femme un peu marginale, Marie-Jo est allée annoncer à ses frères et sœurs, en famille, en Eglise et en société la bonne nouvelle du Christ dans les bonnes nouvelles humaines de ses visites et visitations.

 Maintenant, nous le croyons comme elle le croyait, Jésus l’emporte dans le monde de sa Pâque. C’est aussi le sens de cette messe, selon sa volonté, la messe à la fois du passage douloureux, mais surtout le temps de la vendange et de la moisson, l’eucharistie aboutie d’une vie toute donnée.

J’en suis persuadé : elle va retrouver – elle l’a sûrement retrouvé- le bel amour de sa vie, son apôtre Pierre à elle, dans la famille élargie du Royaume de Dieu. Pas de doute, elle a été bien accueillie là où elle est arrivée.

 

Claude Ducarroz

 

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