Embarqués avec Jésus en Eglise

 HOMELIE

Luc 5, 1-11

9 février 2025

La croisière s’amuse. C’était une série américaine en 249 épisodes de 47 minutes, de 1976 à 1990.

Il en va tout autrement dans la croisière avec Jésus de Nazareth sur le lac de Génésareth. On bosse, on prépare l’avenir, on commence une grande aventure dans laquelle nous sommes encore impliqués aujourd’hui : l’Eglise !

Le début est prometteur, mais la suite est plus problématique. Ça commence bien : Une foule, le tout-venant humain…  qui s’est rassemblée :     une première petite communauté anonyme pour écouter la parole de Jésus, un embryon d’Eglise ?

A condition de faire un pas de plus : passer d’un échec                                                                                                   « peiner toute la nuit sans rien prendre »

à un geste de confiance, pas en soi, mais en un autre : 

  « sur ta parole, je vais jeter les filets. »

Une première leçon : quand on ne compte que sur soi, on ne va pas très loin, ou pas très longtemps, mais quand l’invitation vient de Jésus, il peut y avoir quelque bonne surprise…

A une condition : d’avancer au large et de recommencer à jeter les filets, malgré la mauvaise expérience de la nuit précédente. On peut appeler cela « la résilience ».

Et aussitôt, la surprise va devenir des surprises, ou plutôt des appels qui vont tout changer dans la vie de ces rudes pécheurs.

La très grande quantité de poissons ?   Mais attention !   Ils sont renvoyés aussitôt à la foule qui se pressait en attente d’une bonne parole… puisque « désormais ce sont des hommes / humains que tu prendras ». Renvoi aux autres.

Deuxième choc salutaire. L’excellent pêcheur Pierre, en échec provisoire, mais maintenant en réussite ostentatoire,

* Tombe à genoux

* Traverse un grand effroi

* Passe du pêcheur au pécheur :

        « Éloigne-toi de moi.  Je ne suis qu’un pécheur. »

 Ce n’est pas une crise d’humiliation, c’est le passage obligé pour recevoir  une mission, tellement plus large et plus belle que celle qu’il accomplissait jusqu’alors. Des poissons à l’Humanité !

Encore une autre vocation : 

Pierre ne doit pas rester seul, au risque de devenir un pape solitaire.  Il entraîne Jacques et Jean, comme il est dit « ses associés ». Un début de collaboration et même de communion…synodale.

Et la dernière surprise est la plus décisive aussi, très coûteuse certes, mais aussi la plus féconde :

         « ...ramenant les barques au rivage et laissant tout, ils suivirent Jésus. »

La nouvelle et bouleversante aventure de la foi-confiance, de la mission populaire, de l’apostolat en Eglise. 

Le tout sous le signe du mystère pascal, comme le rappelle Paul aux Corinthiens, en se référant justement à Pierre et aux Douze.

Où sommes-nous dans cet Evangile ?  Où suis-je ?  A quel degré des divines surprises ?

 On commence toujours au bord du lac de la vie humaine, avec tous les autres assoiffés de sens et avides d’une parole qui éclaire et met en marche. Solidarité basique.

Sommes-nous prêts de re-jeter les filets après nos échecs ?  Résilience !

Voulons-nous monter dans la barque avec Jésus, qui nous mène au large, si nous sommes disposés à quitter nos étroitesses de vue et d’action ? passer  du petit lac jusqu’à la vaste mer, du petit bateau personnel jusqu’à la barque de l’Eglise universelle.

Sommes-nous d’accord de vivre une double solidarité, sur l’appel de Jésus ? celle qui crée de véritables communautés humaines sur les dramatiques rivages de l'Histoire, et celle qui crée une authentique communion en Eglise avec les Apôtres et tous les autres ?

Finalement,  sommes-nous  décidés à suivre le Christ pascal, quitte à laisser certaines barques sur le rivage pour devenir avec lui des pèlerins du Royaume de Dieu ?  

Bon voyage ….et que notre croisière chante Alleluia !

                         Claude Ducarroz




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