+ Benoît XVI Des hommages aux images
Des hommages aux images
« Une pluie d’hommages », c’est ainsi qu’un
journaliste a commenté le décès du pape émérite Benoît XVI. Chefs d’état et
autres notables civils et ecclésiastiques ont renchéri sur les mérites du pape
défunt, que ce soit dans sa mission en Eglise ou dans son rayonnement sur la
société. Des nuances, voire des bilans mitigés, se sont aussi exprimés. Pour ma
part, j’ai apprécié la sobre remarque du pape François au sujet de son
prédécesseur « de pieuse mémoire » : « Un fidèle serviteur
de l’Evangile, un homme humble et gentil ». C’est en effet l’impression
qu’il laissait à ceux qui l’avaient rencontré.
Benoît XVI a quitté ce monde à l’âge de 95 ans, après sa
retentissante renonciation il y a 10 ans déjà. Avec lui, c’est une certaine figure
de notre Eglise qui s’efface. Certes l’Eglise du Christ peut compter sur la
fidélité de son Seigneur qui ne laissera pas les forces du mal l’emporter sur
elle (Cf. Mt 16,18). Mais les réalisations institutionnelles de l’Eglise sont
largement conditionnées par les aléas de l’Histoire. On peut estimer qu’avec la
disparition du pape Ratzinger, c’est un peu l’image de l’Eglise « à la
bavaroise » qui s’évapore peu à peu. Oui, l’Eglise des oracles
dogmatiques, des pratiques traditionnelles, des institutions altières, des
injonctions verticales sur la société ambiante.
Je crois que le pape François a compris que notre Eglise
devait vivre, certes en fidélité à l’Evangile de toujours, mais aussi en
plongée dans un monde différent, celui de la synodalité à l’intérieur de
l’Eglise catholique, celui du dialogue œcuménique et des rencontres
interreligieuses, celui de la priorité accordée aux plus pauvres et aux exclus,
pour une évangélisation au large d’une humanité en pleine évolution tous
azimuts.
Une figure de proximité sympathique a surgi avec le pape
au beau nom de François. Mais cette image est actuellement en profonde mutation
très significative. Sans sur-valoriser l’aspect symbolique des postures
papales, il faut admettre que nous sommes tous ramenés aux fécondités de la
pauvreté plutôt qu’aux lustres de la célébrité. Que voyons-nous désormais ?
Un pape bien dans sa tête, mais avec des jambes qui ne le portent plus. Il circule
parmi nous sur une chaise roulante. Il doit compter à tout moment sur l’aide
d’auxiliaires dévoués. Bien présent et encore très actif, il est cependant devenu
un pape infirme âgé de 85 ans. Une allégorie qui fait réfléchir.
Notre Eglise ne traverse-t-elle pas toutes sortes
d’infirmités ? Il n’est pas nécessaire de consulter la météo des
statistiques. En Occident du moins, nous le constatons chaque jour, et plus
encore à la sortie du Covid : les foules sont devenues des « petits
troupeaux », les liturgies sont peu fréquentées, les jeunes sont souvent
aux abonnés absents, les vocations aux ministères, ordonnés ou religieux, sont
de plus en plus rares, etc… Dans l’espérance de nouveaux printemps,
actuellement, c’est plutôt la fonte des neiges catholiques.
Il nous faut toujours
avancer dans notre Histoire en faisant confiance au Christ et à son Esprit, qui
souffle où il veut. Nous continuerons donc à donner la main à Pierre, avec la
confession de sa foi solide (Cf. Mt 16,16-20). Mais si Pierre doit sans cesse,
avec courage et humilité, « affermir ses frères » (Lc 22,32), il peut
aussi lui arriver d’avoir des pensées qui ne sont pas celles de Dieu,
mais celles des hommes (Cf. Mt 16,23). D’où la nécessité de réformes permanentes
dans l’Eglise et aussi dans le ministère de Pierre, comme l’ont rappelé le
concile Vatican II et le saint pape Jean-Paul II lui-même.
Quelle que soit la figure qui rayonne au Vatican, c’est
toujours l’icône du Christ ressuscité, sauveur du monde et berger de son
Eglise, qui doit nous fasciner dans la prière et nous occuper dans la mission.
Claude Ducarroz A
paru sur cath.ch le 4 janvier 2023
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