Homélie de Nouvel An 2023

 

Homélie

1er janvier 2023

Au carrefour de 2023

Un carrefour d’où l’on peut repartir vers la Vie. Pas un rond-point où l’on tournerait indéfiniment…en rond. Trois belles avenues s’ouvrent devant nous pour ce rendez-vous de Nouvel An que propose la liturgie de ce 1er janvier 2023 : la famille, la paix, le sens de la vie.

« Les bergers découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire ». Quand le Fils de Dieu décida de s’incarner pour sauver le monde, il entra dans une famille, celle d’un artisan de Nazareth, afin que, selon l’oraison de la fête, nous pratiquions comme elle les vertus familiales, en restant unis par les liens de l’amour.

La famille, par les temps qui courent. Très peu de mariages, même civils, a fortiori religieux, tant cette institution est remise en question ; des mariés qui recourent, pour la bonne moitié, aux procédures de séparation ou de divorce ; et des enfants trop souvent victimes des disputes de leurs parents. Décidemment, si l’on en croit les statistiques, la famille durable semble chez nous une cause presque perdue.

Je me garderai bien de qualifier les situations de crise, et encore moins de juger les personnes, moi le prêtre célibataire.

 Mais je tiens à redire de tout mon cœur l’admiration et la reconnaissance que je ressens à l’égard de celles et ceux qui misent sur la fidélité dans le couple, qui donnent ou accueillent généreusement la vie au titre de parents, qui luttent pour améliorer les conditions de vie des familles. Car nous ne devons jamais nous résigner à les voir souffrir dans la détresse sociale, la misère morale ou l’indifférence individualiste. Là nous attend un beau défi à relever ensemble. Il est d’abord humain, il est donc aussi chrétien.

L’avenue de la paix. En effet, depuis 1968, à l’initiative du pape Paul VI, le 1er janvier est dédié à la prière et à l’engagement pour la paix dans le monde. Autant dire que cette cause est plus importante et plus urgente que jamais.

Non sans quelques bonnes raisons, nous avions rêvé d’une Europe en paix quasi définitive. Et voici qu’en février dernier, par la perversité d’une idéologie, par la folie d’un dictateur, y compris sous la bénédiction d’un hiérarque dévoyé, la guerre, presque à nos portes, sème à nouveau les horreurs de la haine, de la mort et des destructions aveugles.

 Que pouvons-nous faire ? J’ai entendu tant d’aveux d’impuissance. Prier pour la paix, c’est très bien, mais ça ne suffit pas. Nous pouvons, nous devons nous engager très concrètement pour ce noble idéal, tellement vital pour l’avenir de notre humanité.

Ils le font, ceux et celles qui viennent au secours des innocentes victimes de l’injuste violence des méchants.

 

Bravo, la Suisse et les Suisses, qui ont accueilli 70.000 réfugiés d’Ukraine, à condition de ne pas oublier les autres, qui sont souvent encore plus problématiques. Alors, pourquoi pas leur faire une place dans nos maisons, quand c’est possible, afin que ce soit la solidarité, autrement dit une très belle forme d’amour dans l’esprit de Jésus, qui fasse pencher la balance de notre histoire, enfin, du côté de l’humanité.

Nous aurons peut-être l’impression de n’être que des minuscules colibris qui apportent leurs gouttelettes d’eau pour remplir le grand bassin des besoins urgents. Mais n’est--ce pas le devoir du minimum de la reconnaissance, pour nous qui sommes, à tant de point de vue, du bon, voire du meilleur côté de cette humanité ?

Enfin, c’est le nouvel an. Nous avons échangé nos vœux -et nous continuerons de le faire- avec une grande sincérité, surtout si notre cœur se dilate aux dimensions du cœur du Christ, le sauveur du monde.

 Ces années qui passent, inexorablement, quel que soit notre âge, voilà qu’elles remettent en évidence le besoin de chercher toujours mieux -et si possible de trouver un peu- le sens profond de notre existence, avec les joies et les peines, les réussites et les échecs, et surtout les imprévus qu’elle recèle nécessairement.

La foi au Christ, avec le modèle et l’accompagnement de Marie et Joseph qui, eux aussi, ont affronté bien des surprises, cette foi nous incite à toujours faire et refaire confiance. Oui, confiance au Dieu qui nous aime comme un père, au Seigneur qui nous guide par sa parole et nous fortifie par ses sacrements, à l’Esprit-Saint qui peut nous inspirer le meilleur possible pour vivre en humains debout et en chrétiens courageux, dans notre monde, tel qu’il est.

Souhaitons-nous donc une nouvelle année trinitaire, comme l’apôtre Paul qui écrivait à ses fidèles de Corinthe -peut-être était-ce un jour de Nouvel-An : « La grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint Esprit soit avec vous tous. »  II Co 13,13.

Claude Ducarroz

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