Homélie Christ Roi
Homélie 19 novembre 2022
Christ-Roi
Lc 23,35-43
I - Cet Evangile est
une mise en scène, un spectacle,
- avec des images fortes, comme une icône
très large
- avec des paroles pathétiques,
comme au théâtre
Au centre, au
cœur : voici un crucifié nommé Jésus, surnommé ironiquement :
MESSIE – ROI – SAUVEUR
Et voici la démonstration
de sa royauté :
- en haut, il domine, mais sur une
croix
- couronné, mais couronne d’épines
- harnaché, mais il es nu
- les bras ouverts, parce que
crucifiés
- enivré, mais de
vinaigre
Et bientôt : à cœur grand ouvert, parce que transpercé
Et ici, seulement quelques brèves paroles, mais qui disent tout,
l’essentiel, son programme,
à la vie et à la mort :
- aujourd’hui, donc
vite, tout de suite
- avec moi : pas
mort, mais bientôt ressuscité
- dans le
paradis : la maison du Père, le Dieu-Amour.
Car seul un tel Dieu, et son envoyé, peuvent exprimer, en paroles et en
actes, le secret – ou plutôt le mystère
– d’une telle dramaturgie :
La
mystique royauté de la croix,
En
attendant la gloire pascale du crucifié
II - Il y a beaucoup de monde autour de ce trône, de cette
croix
¨
Et
justement : le monde, la vaste humanité
¨
Et
l’Eglise aussi, puisque l’apôtre Paul nous a rappelé que
o
Là où il y
a la tête, le Christ,
o
Il y a
aussi son autre corps, qu’est l’Eglise
¨
Il y a
donc aussi nous, chacun de nous, comme humains et comme chrétiens.
Oui, c’est bien toute l’humanité qui assiste et participe, chacun à sa
manière :
- le peuple, anonyme, qui reste là à observer.
Comment interpréter un tel silence, une telle distance ?
- les chefs, qui tournent Jésus en dérision,
soûlé par la violence de leur pouvoir.
- les soldats qui peuvent se moquer sans frais
puisqu’ils se réfugient derrière le confort cruel de leur obéissance.
- et puis ce mystérieux malfaiteur, sur la
croix d’à côté, qui en rajoute une couche dans l’injure et l’ironie macabre.
Et enfin l’inscription, ordonnée par Pilate, demeuré dans le luxe de son
palais qui, à son insu, dira la vérité qu’il ne voulait pas entendre :
Ce Jésus c’est bien lui, le vrai roi, par la
puissance de son amour plus forte que sa mort, que toute mort.
Comment Jésus voyait-il tout ce monde, là, au pied de sa croix ?
C’est encore St Paul qui le révèle :
« Dieu a jugé bon que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié,
en faisant la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres, sur la
terre et dans le ciel »
Tous les êtres.
Salut, ô croix, notre unique
espérance.
III - Et l’Eglise, me direz-vous ?
où est l’Eglise ? où sommes-nous ?
Allons la chercher, la rencontrer, un peu avant, chez ce même St Luc, et
aussi chez son collègue Jean.
Elle est là, l’Eglise, dans Simon de Cyrène, qui en revenant des
périphéries, accepte d’aider Jésus à porter sa croix.
Là où il y a de la compassion active, il y a l’Eglise de la croix et de
la Pâque.
Elle est là l’Eglise, dans ces femmes qui pleurent et qui prient, peuple
humble et souvent non-reconnu, de tous ceux – et surtout toutes celles – qui,
parfois sans savoir vers quel Dieu, offrent leurs joies et surtout leurs
peines, en se hissant, en se haussant dans la spiritualité.
Bien sûr, il faut ajouter Marie et le disciple bien-aimé, la mère et
l’ami, la femme et l’apôtre, en communion christique, désormais habitant la
même maison, l’Eglise. Sans oublier les autres femmes, au plus près du cœur, de
tout cœur, surtout quand il saigne
Enfin, par les temps qui courent, d’épreuves crucifiantes et
d’espérances synodales, je discerne l’Eglise dans le misérable pécheur, sur
l’autre croix, qui finit par solliciter la miséricorde de Jésus, mon sans avoir
essayé d’entraîner son collègue sur ce chemin de Rédemption, par une certaine
conversion.
C’est toute l’Eglise aujourd’hui, pénitente et aussi confiante – et nous
avec elle et en elle – qui doit dire et redire sans cesse : « Jésus,
souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton Royaume. »
Oui, une Eglise servante et pauvre, dans le Royaume de Jésus, Seigneur
parce que serviteur.
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