Homélie Avent I
Homélie
Premier dimanche de l’Avent 22
Mt 23,34-47.
Un
évangile. Une bonne nouvelle. Vraiment ?
Que des
catastrophes ! Hommes et femmes engloutis par un déluge. Un voleur qui
perce le mur de la maison, et s’en va avec son butin, ou plutôt le nôtre.
Que veut
nous dire Jésus en puisant ces exemples dans ses souvenirs de Bible et dans ce
qu’il voit autour de lui ?
D’abord
veiller. Puis se tenir prêt. Enfin accueillir le Christ quand il reviendra,
n’importe quand.
Veiller,
qu’est- ce à dire ? Saint Paul nous dit qu’il faut d’abord se réveiller,
passer du sommeil à la veille, à la vigilance, des ténèbres de la nuit à la
lumière du jour. Souvent ce sont les évènements -heureux ou malheureux- qui
nous réveillent, nous sortent de notre confort ou de notre léthargie. Mais la
Parole de Dieu, au carrefour d’une méditation ou d’une prière, peut aussi nous
tirer de notre torpeur. Normalement pour notre bien, pour notre mieux.
L’évangile
précise que le veilleur, c’est celui qui se tient prêt parce que quelque chose peut
arriver, parce que quelqu’un peut survenir. Il y a des veilles par peur du
malheur, mais aussi par attente impatiente d’un bonheur. On ne dort pas bien
dans les deux cas.
Nous
allons vers Noël. Nous allons faire mémoire d’un évènement heureux -quoique
vécu dans la pauvreté d’une crèche- parce que nous croyons à la venue du
Sauveur en la personne de Jésus.
Dès lors
se mettre en veille, c’est partager l’espérance et l’impatience de tous ceux et
celles qui attendent un salut, si possible un sauveur. Mais attention ! Ne
faisons pas de Noël une nostalgie romantique, une consolation à bas prix. On
peut se laisser émouvoir par l’enfant Jésus bercé par les flutiaux des bergers,
et réveillé par le chant des anges. C’est déjà mieux que le Noël des commerces
dans lesquels je n’ai pas trouvé ce Jésus. Inutile de chercher le Sauveur à la
COOP ou à la Migros.
Car le
vrai réveil de Jésus, c’est son passage de la mort à la vie, l’Eveillé de
Pâques, le Vivant pour toujours, celui qui est, qui était et qui vient. Notre Sauveur
est un veilleur de vie éternelle. Sa vigilance d’amour nous porte, nous
entoure, nous entraîne, y compris au-delà de notre mort par une nativité
pascale semblable à la sienne, notre vrai Noël de toujours, la vie éternelle.
Quand
nous veillons auprès d’un mourant, nous avons le droit de regretter et de
pleurer. C’est humain. Quand nous aurons passé la mort, nous serons réveillés
par le Seigneur de Pâques, notre vigile de salut et de gloire. Peu importe
l’heure finalement, et même dans la surprise. Le seul réveil qui sonnera alors
sera celui de l’amour sauveur, si nous acceptons le baiser de sa miséricorde.
Mais nous
sommes encore des vivants ici-bas, me direz-vous. On peut être prêts sans être
pressés de quitter ce monde, même si on croit à un autre encore meilleur, le
moment venu.
Comment ?
Par la communion anticipée avec celui qui nous attend. En tenant la main de
celui qui nous accompagne déjà sur le chemin qui mène à lui.
Finalement,
la bonne vigilance est assez simple. Ecouter le message de la Parole de Dieu
dans la prière, et nous aimer les uns les autres parce que nous sommes tous les
pèlerins de la même aventure qui conduit au même Royaume, à la même maison du
même Père. Et travailler vaillamment à un monde plus juste et fraternel, afin
que la volonté du Père se fasse peu à peu sur la terre comme au ciel. Il y a
encore tant à faire, en Russie et en Ukraine, mais peut-être aussi dans nos
cœurs.
Concrètement,
dans les nuits du monde, devenir infirmiers et infirmières les uns pour les
autres en veillant sur celles et ceux qui nous entourent, à commencer par les
plus pauvres et les plus souffrants. Et ne jamais oublier que Dieu nous aime
dès maintenant pour nous rendre à la fois veilleurs et meilleurs, meilleurs
parce que veilleurs, en attendant de nous serrer dans ses bras pour l’éternité de son bonheur.
Alors ça,
c’est vraiment une bonne nouvelle !
Claude
Ducarroz
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