Et maintenant? Nicolas!
Et maintenant ? Nicolas !
L’été de tous les contrastes.
Soleil et liberté ont précipité les foules sur les plages et
dans les lieux touristiques. Mais ce fut aussi la pénible canicule, les feux de
forêts, la sécheresse. Bravo pour l’accueil généreux de 60.000 réfugiés
ukrainiens en Suisse. Mais la guerre est loin d’être terminée, là-bas, avec son
cruel cortège de morts et de destructions. Ouf ! Le Covid, c’est du passé.
Mais on nous annonce un retour de l’épidémie pour le prochain hiver. La Suisse
demeure un havre de prospérité et de paix. Mais, tels de noirs nuages à
l’horizon, montent des menaces de restrictions énergétiques et de récession
économique. Et dans notre Eglise ? me direz-vous. D’ardents désirs de réformes
surfent sur la vague du prochain synode à Rome. Mais des prophètes de mauvais augure
nous mettent en garde contre des espoirs irréalisables.
Et maintenant ? à
l’heure des retrouvailles en famille, des relances d’activités dans la société,
des reprises d’engagements dans l’Eglise.
Au calendrier liturgique de l’Eglise catholique, voici que
surgit -le 25 septembre- la figure originale de Nicolas de Flüe, patron de la
Suisse. Je le sais : ce grand saint n’est pas imitable à tous les points
de vue. Mais je crois qu’il demeure très inspirant dans le contexte sociétal et
ecclésial d’aujourd’hui.
Par excès de mysticisme, il crut d’abord qu’il devait
s’éloigner des siens pour suivre sa nouvelle vocation. Une Voix l’a ramené tout
près de chez lui, mais en gardant une juste distance de réflexion et de
liberté. Sa solitude et sa spiritualité ne l’ont pas rendu indifférent aux drames
de son temps. Bien au contraire. Il devint un précieux conseiller sollicité
pour dénouer les périlleuses embrouilles politiques et favoriser un urgent
renouveau dans une Eglise très malade. Sa prière, loin de devenir une
confortable évasion, fut nourrie des rencontres et des besoins contemporains.
Le mystique du Ranft est aussi invoqué comme l’apôtre de la paix civique et de
la communion ecclésiale.
Suisses ou non, nous sommes tous, peu ou prou, les enfants de
ce père de la patrie. Saurons-nous, dans les remous inquiétants de notre
actualité, prendre du recul pour réfléchir sereinement, puis agir vaillamment afin
de nous investir pour améliorer ce qui doit l’être, que ce soit dans la société
ou dans l’Eglise ? Par exemple, socialement, en assumant une austérité
heureuse, par conviction plutôt que par contrainte, sans jamais oublier les
solidarités basiques envers celles et ceux qui peinent le plus. Par exemple, en
Eglise, en misant sur des petites communautés, certes ferventes par la Parole
et les sacrements, mais aussi en prise sur les problèmes et les espérances de
notre vaste monde.
Devant ce que certains prédisent, voire constatent – à savoir
l’implosion du christianisme dans notre modernité occidentale-, il est urgent
de retrouver à la fois les profondeurs de la vie spirituelle partagée, et le
courage des fraternités larges, à la dimension de toute notre magnifique et
tragique humanité.
Saint Nicolas de Flüe, priez pour nous !
Claude Ducarroz
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