ASSOMPTION DE MARIE 2022

Assomption de la Vierge Marie.

De quoi s’agit-il ? Ou plutôt, de qui s’agit-il ? De Marie, la mère de Jésus, me direz-vous. Pas exactement ou plutôt pas d’abord. Il s’agit, comme toujours, en premier lieu, de Jésus.

D’une part il n’est jamais question de l’assomption de Marie dans le Nouveau Testament. Par contre, il y est souvent question de la résurrection et de l’ascension de Jésus.

Vous venez d’entendre saint Paul : le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, le premier ressuscité. Et il ajoute : Dans le Christ, tous les humains recevront un jour la vie de la résurrection. Mais chacun à son rang, parmi ceux qui lui appartiennent.

Et c’est là que nous trouvons Marie, la première derrière Jésus son fils, celle qui fut la plus proche de lui, comme mère, comme sainte, comme celle en qui Dieu fit des merveilles, de sorte que toutes les générations peuvent et doivent la proclamer « bienheureuse ».

La méditation progressive de l’Eglise, en Orient comme en Occident, à propos du rayonnement de la pâque de Jésus, en a conclu, dès le 4ème siècle, que Marie avait été associée à la résurrection de son fils, au moment même où s’acheva son parcours terrestre. C’est précisément son assomption.

La première en chemin, mais à la suite du ressuscité, dans sa lumière. Marie telle qu’elle était, à savoir « toute pure  ou immaculée », avec toute sa personne, a été « élevée en corps et en âme à la gloire céleste », comme le proclame le dogme défini par le pape Pie XII en 1950.

 

Il faut le reconnaître : tous les chrétiens et toutes les Eglises ne sont pas unanimes dans l’affirmation et l’explication de ce mystère proposé à la foi catholique. 

 

Un groupe de théologiens catholiques et protestants -auquel j’ai eu la grâce de participer pendant 20 ans- a pu écrire au terme d’une longue réflexion : « Nous ne trouvons plus comme séparatrices les divergences relevées au sujet de Marie… Rien en Marie ne permet de faire d’elle le symbole de ce qui nous sépare encore. »

Sans doute avons-nous des sentiments et surtout ASDdes traditions différentes autour de la figure de Marie. Le concile Vatican II lui-même nous rappelle que les privilèges de Marie sont toujours orientés vers le Christ, source de la vérité totale... Dès lors que les fidèles se souviennent qu’une véritable dévotion ne consiste nullement dans un mouvement stérile et éphémère de la sensibilité, pas plus que dans une vaine crédulité. La vraie dévotion procède de la vraie foi. »

Et les dévotions, anciennes ou actuelles, doivent donc suivre ce chemin de recentrage christique et d’approfondissement biblique.

 

Mais rassurez-vous -si c’est nécessaire- : aujourd’hui nous pouvons fêter Marie en juste foi et en pleine joie. Finalement, ce qui lui est arrivé, comme une grâce exceptionnelle dans le mystère de son assomption, c’est ce qui nous est promis par Jésus à nous tous, tôt ou tard, peu importe, à savoir la communion parfaite avec le Christ ressuscité quand le dernier ennemi sera anéanti, autrement dit la mort et tout autre mal.

 Alors nous resplendirons, nous aussi, corps et âme, en parfaite gloire. Tel est notre destin ultime, telle est notre ferme espérance. Voilà qui nous confère courage et consolation dans les épreuves d’ici-bas, quand nous pouvons compter sur les assurances proclamées par Jésus en sa pâque, et donner la main à Marie notre mère, qui nous attend et un jour nous accueillera, elle qui est déjà dans la pleine gloire.

En attendant ce rendez-vous final, peut-être pouvons-nous déjà tirer quelques leçons opportunes du mystère de l’assomption de Marie.

Par exemple respecter notre corps sexué, et celui des autres, puisque, selon ce que nous rappelle l’assomption, la corporéité humaine, y compris la plus humble, sera aussi associée un jour à la gloire pascale de Jésus. Notre corps, nous répète saint Paul, est le temple de l’Esprit et nous devons déjà glorifier Dieu par notre corps.

Par exemple reconsidérer nos relations avec les femmes ou la femme puisque l’être humain le plus sauvé, le plus rayonnant de beauté dans le royaume de Dieu est précisément une femme assumée en gloire, y compris avec toute sa …féminité.

 Que de choses à changer dans notre société pour respecter -la femme et les femmes- dans toute leur dignité, et aussi reconnaître et apprécier toutes leurs valeurs.

 Oui, à la suite de ce que promeut le pape François, lutter contre toutes les discriminations, parfois jusque dans l’Eglise, qui voudraient justifier des citoyens ou des chrétiens de plusieurs zones, avec, avouée ou non, une subtile et mauvaise supériorité conférée aux hommes mâles. Il y a peut-être un sain, voire un saint féminisme marial à diffuser, en faisant de nos différences des richesses d’humanités variées, et non pas des hiérarchies patriarcales et obsolètes.

Mais que tout cela ne nous empêche pas, en ce jour de fête, de redire avec Marie elle-même et à son sujet : Mon âme exalte le Seigneur. Il s’est penché sur son humble servante. Le Puissant fit pour elle des merveilles. Saint est son nom.

Claude Ducarroz

 

 

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