L'excuse de Dieu
L’excuse
de Dieu
« Si Dieu existe, j’espère qu’il
a de bonnes excuses. » En moins drôle, il y a quelque chose de cette
réflexion de Woody Allen dans ce que j’entends autour de moi. Après la pandémie
du Covid, voici maintenant la guerre en Ukraine, avec ses images de cruautés et
de destructions, qui envahissent nos écrans et encombrent notre imaginaire,
jusqu’à l’écœurement.
Comment des êtres humains peuvent-ils
être si inhumains à l’égard d’autres humains qui pourraient – et devraient –
être leurs frères, à respecter et même à aimer ?
Où est Dieu dans tout cela ? que
fait-il, lui qu’on appelle Bon ?
Comment ne pas prendre au sérieux de
tels questionnements, fruits de consciences sincères et de cœurs blessés ?
Je me garde bien de fournir aussitôt
des réponses trop faciles. Le problème du mal - en soi et dans le monde -
mérite mieux que des pirouettes idéologiques. Nous sommes tous placés, y
compris par nos heurs et malheurs personnels, devant un tel mystère !
Au bout du tunnel du vertige
philosophique, j’entrevois seulement une petite lumière, vacillante mais têtue.
Oui, cette parole vérifiée dans un acte plus fort que le mal, et même la mort :
Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils pour le sauver. Il s’est
engagé personnellement, pour nous et avec nous, dans la solidarité avec notre
destin, jusqu’à la croix. Et heureusement, la victoire de Pâques de Jésus a
fait basculer notre tragique histoire du côté de la vie. Définitivement. Le
dernier mot appartient à Dieu parce qu’il est Amour.
Mais je mesure aussi combien cette « bonne
nouvelle » peut paraître « irréelle » quand on est soi-même sur
la croix d’une grande épreuve, personnelle ou sociale. Que signifie l’actualité
du salut quand on souffre et meurt sous les bombes, en Ukraine ou ailleurs ?
Je remarque aussi l’héroïsme du don
chez tant de personnes qui osent aller jusqu’au bout de l’amour. Celles qui
offrent le sacrifice de leur vie pour des causes humanistes de justice et de
paix. Celles qui, au goutte à goutte d’humbles petits gestes, distillent
tendresse, consolation et entraide dans des contextes de violence ou de « chacun
pour soi ».
L’excuse de Dieu, c’est d’abord Dieu lui-même.
Encore que nous puissions être déconcertés par la complexité de son mystère,
quand on le dit Amour et qu’on peine à se savoir aimé… y compris par Lui. Osons
le lui dire, c’est aussi ça, la prière.
L’excuse de Dieu, c’est enfin la
moisson des fruits de l’Esprit dans le cœur et dans les mains d’innombrables
hommes et femmes de bonne volonté. Celles et ceux qui ne se résignent pas face
aux inhumanités mortifères, mais s’engagent un peu partout, corps et âme, pour
vaincre le mal en faisant le bien. Discrètement souvent, efficacement toujours,
puisque Dieu est, reste et restera toujours … Amour !
En nous invitant à aimer, quoi qu’il
arrive, grâce aux énergies de son Esprit.
Claude Ducarroz
Juin 2022
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