Homélie pour le baptême du Seigneur

 

Baptême du Seigneur 2022

Nous sommes donc au bord du Jourdain, en Palestine. Ou plutôt nous sommes à un carrefour décisif, au croisement des deux dimensions du destin de Jésus de Nazareth.

* La dimension verticale qui surgit d’en-haut pour rappeler son identité profonde. Le ciel s’ouvrit et une voix proclama : « Toi, tu es mon fils bien-aimé. En toi je trouve ma joie ».

 * Et la dimension horizontale, à savoir sa mission parmi les hommes, pour le moment réunis par Jean-Baptiste. Le programme de vie, la feuille de route du Messie est clairement indiquée : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. ». On notera que l’évènement se déroule dans une ambiance de prière, celle de Jésus lui-même.

Tel est donc le baptême de Jésus, la révélation du mystère de son être enraciné dans les profondeurs trinitaires, et en même temps l’exposé de sa fonction au service de toute l’humanité, à rassembler et à sauver. Il réalisera cette vocation avec la puissance de l’Esprit de Dieu, mais aussi dans l’humilité du serviteur, homme parmi les hommes.

 Contemplons les commencements de son parcours : il se met au niveau des pécheurs qu’il doit réconcilier avec Dieu : il reçoit, comme tout le monde et au milieu de tout le monde, le baptême de Jean, en parfaite solidarité avec nous, lui qui est pourtant le saint de Dieu.

C’est ainsi que Jésus inaugure sa vie publique, celle de l’infatigable prédicateur de l’Evangile, celle qui l’incitera à guérir les malades, à pardonner aux pécheurs, à prendre le parti des petits et des pauvres. Et finalement à mourir par amour sur la croix, avant de ressusciter pour nous entraîner avec lui dans la vie éternelle.

Or donc les baptisés, c’est maintenant nous, oui, nous qui avons été plongés dans la mort de Jésus, avec la ferme promesse de participer à sa résurrection.

Par notre baptême dans la communion de l’Eglise, nous avons été absorbés dans la vie du Christ pour devenir les membres de son corps.

Par cette consécration baptismale, nous sommes impliqués dans la mission même de Jésus, et tout cela avec la lumière de sa Parole pour éclairer notre route, avec les énergies de son Esprit pour nous donner le courage de franchir les obstacles, avec la solidarité de la communauté ecclésiale dans laquelle nous trouvons la fraternité nécessaire pour persévérer jusqu’au bout.

Plus concrètement, être un baptisé, c’est partager avec Jésus la grâce d’être dans ce monde un peuple de prêtres, de prophètes et de rois-serviteurs. Qu’est-ce à dire ?

Être prêtre, c’est, en communion avec Jésus, présenter nos personnes, nos vies, ce que nous sommes et ce que nous faisons, en action de grâces à Dieu notre Père. Oui, faire de nos existences, telles qu’elles sont, une liturgie vivante, une eucharistie de chaque jour, pas seulement par des actes religieux, mais avec toutes les dimensions de notre humanité.

S’il y a un prêtre personnel à la messe, ordonné et donné pour présider la célébration, nous sommes tous prêtres pour apporter et offrir le pain et le vin, fruits de la terre et du travail des hommes et des femmes. Et surtout pour nous offrir nous-mêmes, avec tous nos frères et sœurs en humanité.

Être prophète, ce n’est pas deviner l’avenir, mais c’est annoncer vaillamment les desseins de Dieu sur notre humanité et notre monde.

Nous pouvons tous le faire, chacun avec ses charismes, dans le contexte où il vit, autrement dit dans tous les milieux de vie où nous partageons la condition humaine avec d’autres qui ne sont peut-être pas chrétiens ou même pas croyants.

 Là, humblement mais clairement, nous devons témoigner pour le Christ par les paroles -pourquoi pas ?- mais d’abord par les actes. Et je dirais surtout par un certain style de vie qui met en pratique la feuille de route promue par Jésus dans les béatitudes. Et ça peut vouloir dire ramer à contre-courant des modes et des pressions ambiantes.

Enfin nous sommes des rois, mais -encore une fois- à la manière de Jésus quand il dit à ses disciples, après leur avoir lavé les pieds -le boulot de l’exclave en ce temps-là- : « Si moi, le Maître et le Seigneur, je vous ai lavé les pieds, vous devez faire de même les uns envers autres. »

 Voilà dans quel état d’esprit nous devons conduire nos vies dans nos relations avec notre prochain, que ce soit au niveau familial, politique, économique, culturel.

 Et aujourd’hui, plus que jamais, dans les défis à relever au plan de l’écologie où il s’agit de ne pas piller la planète pour satisfaire nos besoins exagérés, voire égoïstes, mais de promouvoir un saine gestion des biens communs, dans une joyeuse sobriété qui permette à tous de vivre dignement.

Et Jésus ajouta : « Sachant cela, heureux serez-vous, si vous le faites. »

Oui, « heureux serez-vous » ! Tel est le bonheur des baptisés, que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres pour cette nouvelle année. Avec la grâce de Dieu !

Claude Ducarroz

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