Synoder ouverts !
Synodons ouverts s.v.p.
Non. Je ne vous parlerai pas de Noël… contesté, ni de
nouvelle année 2022… redoutée, ni du Covid… prolongé. Décollons de l’actualité
immédiate, voire brûlante.
Mais pas trop. Evoquons vaillamment le prochain Synode
dans l’Eglise catholique, qui devrait faire partie de son actualité ces
prochaines années.
Trois slogans dominent ce processus voulu par le pape
François : écouter, discerner, décider.
Ecouter en priorité. Le pape insiste même pour que l’on
écoute avec une attention toute spéciale les pauvres, les jeunes et les femmes.
Très bien. Mais pour pouvoir écouter, encore faut-il que l’on s’exprime.
Officiellement, la parole est donnée à tout le peuple de Dieu, et même au-delà,
puisque l’on souhaite connaître aussi l’avis de celles et ceux qui sont loin de
l’Eglise ou s’en sont éloignés.
Dans les faits, je crains que s’expriment finalement -voire
exclusivement- les seuls braves chrétiens plus ou moins reliés à l’Eglise, qui
sont engagés dans ses activités ou se préoccupent encore de son avenir. Et les
autres ? Les distanciés, les critiques, les hostiles même. Vont-ils
parler ? Diront-ils ce qu’est l’Eglise à leurs yeux, ce qu’ils estiment
positif dans son rayonnement, ce qu’ils jugent négatif dans ses dires, faits et
gestes, ce qu’il conviendrait de changer en elle ? Et seront-ils
entendus ?
Pourquoi ne pas
diligenter, en parallèle de la consultation des fidèles, quelques enquêtes
globales telles que savent les conduire des instituts compétents pour le
sondage « scientifique » des sociétés ? Comme il serait
intéressant que nos futurs « synodaux » connaissent ce que pense et
souhaite le grand public, le tout-venant de notre population, avec ou sans la
foi chevillée au cœur. Que voilà un apport qui serait éclairant, sans être
décisif évidemment.
Les mêmes questions ou défis se posent dans les étapes du
discernement et des décisions. Ne restons pas entre-nous pour analyser les
résultats des échos remontant de la base censée s’être exprimée. Ayons le
courage d’y associer des experts qui ne sont pas nécessairement de notre sérail
afin que les sagesses humaines viennent s’ajouter aux sagesses issues de la
fréquentation des Ecritures et de la longue expérience historique de l’Eglise. Les
« laïcs » ont aussi quelque chose à nous apprendre, y compris sur
nous-mêmes.
Quand sonnera l’heure des décisions pour inoculer des
réformes dans la vie de notre Eglise, ranimons les réflexes féconds qui illuminèrent
le concile Vatican II. Oui, associons du plus près possible les autres Eglises
et par conséquent les autres chrétiens, afin que l’Esprit Saint ne soit pas
invité à éclairer et énergiser seulement les hiérarques estampillés
catholiques, tandis que nous prétendons vivre un nouvel âge de l’oecuménisme en
actes.
Pour sortir de la
grave crise qui secoua l’Eglise au temps des apôtres (voir Actes ch. 15), la
solution du renouveau passa par un sursaut d’ouverture, mais après une
délibération de toute la communauté. Cette jeune Eglise dialogua avec d’autres
cénacles, certes en honorant le rôle propre de Pierre et des apôtres, mais
aussi en intégrant largement le service d’autres ministres, le partage des
expériences vécues à la base et la prière de tous. D’où ce magnifique résultat : « L’Esprit-Saint
et nous-mêmes avons décidé… » Que voilà un vrai processus synodal,
impliquant tout le peuple de Dieu, et même au-delà, pour un témoignage et une
mission vraiment catholiques.
Mais peut-être souhaitez-vous qu’on revienne à Noël, à la
nouvelle année et au Covid, qui sont d’actualité plus urgente. Oui, mais au
pied du sapin, ou mieux encore dans la crèche et dans nos ferventes prières,
ajoutons le succès du prochain synode sur… la synodalité !
Joyeux Noël et bonne année 2022 ! Claude
Ducarroz
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