Homélie 2ème dimanche de l'Avent
RTS
A21-2
Homélie
5 décembre 2021
Luc 3,1-6
Ouf !
Enfin quelqu’un qui nous donne la main et nous propose un programme dynamique,
pour aller de l’avant dans notre vie et la vie du monde ! Voilà qui nous
change des jérémiades de l’impuissance et de la rancœur.
Mais
attention ! L’ami qui nous veut du bien est un peu spécial, et même plutôt
marginal. On le décrit ailleurs comme vêtu de poils de chameau, un pagne de
peau autour des reins et, pour compléter le menu, friand de sauterelles et de
miel sauvage.
Voilà qui
peut rendre sympathique, à certains et certaines d’entre vous, ce prophète très
écologique. Mais je conseille surtout d’écouter attentivement son message et de
mettre en pratique, au moins en partie, ses précieuses recommandations.
Jean-Baptiste
n’est pas à son compte, comme s’il devait faire du chiffre avec ses disciples regroupés
en fan club. Il est envoyé par un autre, bien plus grand que lui, et il prépare
justement la venue de cet autre dans la conscience et le cœur des gens. C’est
pourquoi on l’appelle le précurseur.
Alors, qui sera là dans la rencontre décisive
qu’il annonce et prépare ? Le texte dit : « Tout être verra le
salut de Dieu ».
En réalité c’est encore mieux que cela. Plus
que le salut : le sauveur Jésus le Christ, un sauveur en personne, à la
fois totalement divin et pleinement humain, l’un de nous mais venu entièrement
de Dieu. Oui, pour nous sauver à 100%, tels que nous sommes, mélange improbable
et merveilleux de corps, de cœur, d’esprit. Tout de nous, tout nous.
Sauver,
salut ! Pouvons-nous encore prononcer ces mots étranges, devenus presque
étrangers à notre culture ? Bien sûr, chacun de nous voudrait être sauvé
de quelque chose, tant il y a une distance, parfois insurmontable, entre ce que
nous souhaitons pour nous-mêmes et pour les autres, et ce que nous éprouvons
concrètement dans les évènements qui nous réjouissent, mais aussi souvent nous
blessent et même nous désespèrent.
De la
demande, il y a. Mais de là à imaginer une réponse qui vienne d’ailleurs que de
nous-mêmes, par un autre qui nous l’offrirait, même gratuitement : c’est
une autre histoire.
Je crois
que notre société, le plus souvent, nous renvoie au salut par nous-mêmes en ce
monde, ou alors elle nous incite à assumer, plus ou moins vaillamment, le
non-sens de l’échec total et final de notre humanité sans dieu.
Cependant,
il y a mieux. Aujourd’hui comme hier, au point où nous en sommes de nos vies
mortelles, nous pouvons encore attendre le meilleur, mais en collaborant à en
préparer la venue.
En somme,
on cherche encore des Jean-Baptiste.
Chacun
dans sa vie personnelle, mais aussi dans ses relations sociales, et jusque dans
la construction d’un vaste dessein collectif.
Oui, une humanité en route pour le Royaume de
Dieu, mais aussi une humaine convivialité ici-bas, enfin fraternelle, comme
Dieu la veut pour nous, mais pas sans nous, puisque nous sommes tous des
invités de choix au festin de la liberté.
Quand on
a un peu compris le projet de Dieu pour ses enfants -que nous sommes-,
quand on a écouté l’évangile de l’amour
vainqueur, tel que Jésus de Nazareth l’a proposé et le propose encore par son l’Eglise,
alors on entre, tantôt avec enthousiasme
tantôt avec courage, dans le programme de Jean-Baptiste.
Et ça
peut même devenir un certain bonheur : *rendre plus droits
les sentiers de nos relations avec les autres, déjà en famille, *combler
les ravins de méfiance ou de préjugés à l’égard d’autres humains qui ont
seulement le tort de ne pas être, penser ou vivre comme nous,
*redresser les passages tortueux de nos
réactions épidermiques qui peuvent tellement blesser, *aplanir
les chemins rocailleux qui risquent de faire tomber les plus faibles ou les
plus sensibles.
Et tout
cela, grâce à une nouvelle manière -plus divine et donc plus humaine-, de voir
et de vivre nos avoirs, nos savoirs, nos pouvoirs, notre sexualité, notre
relation à la création elle-même. Jean-Baptiste ne craint pas d’appeler cela
d’un nom qui peut rendre perplexes : des conversions.
Une chose est certaine : il ne s’agit pas
de goger dans une petite morale bien-pensante. Non. C’est le beau labeur de
celui ou celle qui veut préparer le retour du Christ en notre monde, tout en
appréciant de pouvoir vivre déjà en symbiose avec lui, par exemple
*en
écoutant sa parole,
*en
accueillant ses signes sacramentels,
*en
participant à la vie de l’Eglise,
* en
soulevant la pâte humaine par des levains de justice, de solidarité et de paix.
La morale, c’est seulement se préparer à mieux
aimer, un peu comme Dieu nous aime. En attendant de se fondre dans l’Amour
qu’Il est, chaque jour et pour toujours.
Et ça, c’est
plus que de la simple morale. C’est une communion de vie, c’est Noël avant
l’heure, c’est déjà un rayon de la Pâque éternelle vers laquelle nous marchons,
même en boitant.
Claude
Ducarroz
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