Assomption 2021

 

Assomption 2021

 

De Maria numquam satis !

Dans mon enfance, le saint prêtre qui nous répétait cette petite phrase était un bon latiniste, mais surtout un fervent dévot de la Sainte Vierge. Je traduis : « De Marie, on n’en dira jamais assez, ou, ce qui revient au même, en n’en dira jamais trop ».

On peut affirmer que le mystère de son Assomption, c’est le dernier mot de Dieu lui-même pour cette femme d’Israël, la mère de Jésus le Christ. Oui, tout est dit maintenant pour elle, par Celui qui l’accueille pleinement à ses côtés dans sa gloire de ressuscité, telle qu’elle fut et telle qu’elle est, tout entière assumée dans le royaume des cieux.

Admirons le contraste, dans la plus pure veine du prophétisme divin, qui se plaît, comme chanta Marie elle-même, à renverser les puissants de leurs trônes pour mieux élever les petits et les humbles.

Dans la lumière de la transfiguration pascale, désormais, c’est la petite servante qui est devenue reine, c’est la marginale de Nazareth qui éblouit les superbes de Jérusalem, c’est la pauvre maman de la crèche de Bethléem qui partage le festin des noces royales, c’est la mère d’un crucifié qui est devenue la première ressuscitée.

Autrement dit, une personne humaine est enfin parvenue au sort final de toute l’humanité, à cause du Christ, son fils et notre frère, lui le premier-né d’une multitude de frères et sœurs que nous sommes, et que nous serons. Avec lui, comme lui. Et donc aussi comme elle !

Car il ne faudrait pas que l’assomption de Marie, dans ce qu’elle a de merveilleux et d’exceptionnel, diminue le mystère de notre propre espérance. Ce qui est arrivé à Marie, avant nous et mieux que nous, est en réalité notre destinée à tous, à savoir l’admirable récapitulation de nos personnes humaines - corps, cœur et esprit- dans la gloire de Dieu, le moment venu, pour une vie éternelle de plein bonheur en Dieu.

Parce que le Christ est mort et ressuscité pour le salut du monde, y compris pour sa mère, nous avons tous en nous un ADN de Pâques, et par conséquent une parenté intérieure avec Marie, nouvelle Eve, la première en chemin. Comment en douter puisque Jésus nous l’a donnée pour mère du haut de sa croix, puisqu’elle était là avec les apôtres et les disciples quand l’Eglise a démarré sous le souffle de l’Esprit à Pentecôte ?

Encore faut-il, justement, que cette Eglise, aujourd’hui par exemple, vive plus concrètement dans l’esprit de cette fête, en en tirant quelques opportunes leçons.

Marie dans la gloire, c’est aussi la femme - comme Jésus appela sa mère à Cana et à la croix- qui est exaltée dans le total respect de ce qu’elle est.

A côté d’un féminisme d’actualité - l’un des signes de notre temps à bien ausculter, selon le concile Vatican II -, il serait temps de développer un féminisme chrétien qui traverse d’abord notre Eglise et nos Eglises. Ne serait-il pas déconcertant que nos sociétés -souvent éloignées du christianisme- soient moins discriminatoires que les théories et les pratiques en cours dans l’Eglise à propos des femmes et de la femme ?

Que la gloire de Marie dans le ciel ne serve pas à couvrir, voire à justifier, ce qui se vit encore de contestable dans nos habitudes héritées d’un passé qu’il faut savoir remettre en question.

 J’estime pour ma part que le glorieux destin de Marie de Nazareth, mère de Jésus et notre mère, doit plutôt stimuler la pleine participation des femmes dans la vie de l’Eglise.

 Elles qui sont déjà si généreuses en Eglise, laïques ou religieuses. Qu’elles prennent toute leur place, avec leurs charismes propres, certes, qu’il faut apprécier et respecter. Et justement en les encourageant à déployer toutes leurs fécondités, pour le rayonnement de l’Evangile et le meilleur bien de toute l’Eglise.

Ainsi la célébration de ce beau mystère -l’Assomption de Marie dans la gloire pascale- sera une occasion bienvenue de progresser encore dans le rayonnement actuel de cette magnifique promesse, qui vaut pour Marie d’abord, mais aussi bien au-delà : « Le Seigneur s’est penché sur son humble servante. Désormais tous les âges me diront bienheureuse ! »

Car Jésus lui-même a dit cette parole étonnante, en montrant ses disciples et en présence de Marie : « Quiconque fait la volonté de mon Père, c’est lui qui est mon frère, ma sœur, ma mère. »  Mt 12,50

Claude Ducarroz

 

 

 

 

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