Le tango des Neinsagers
Le tango libre des Neinsager
Le tango libre – me dit-on – est une danse qui autorise
un pas en avant et deux pas en arrière. C’est dire combien cette chorégraphie
est actuellement à la mode dans notre société et même dans notre Eglise.
Scientifiques ou non, nous devons tous reconnaître que
les graves catastrophes subies en Europe sont dues en grande partie au
réchauffement climatique, avec l’impératif de travailler à diminuer ses effets
humains délétères pour notre santé, dès aujourd’hui et à l’avenir. Un pas en
avant. Mais certains résistants s’entêtent à nier ces vérités. Ils continuent
de polluer notre écosystème avec l’insouciance de leur bonne conscience. Deux
pas en arrière. Heureusement, les responsables de l’Union Européenne - contrairement
à la majorité des votants Suisses - s’engagent résolument pour changer le cours
de cette vilaine histoire. Merci à eux. Deux pas en avant !
Autre évidence. Dans les circonstances actuelles, seule
la vaccination de masse peut conjurer la catastrophe sanitaire que constitue la
propagation anarchique du corona virus. De louables efforts, par nos autorités
et par la population, tentent de placer la pandémie sous contrôle, en
encourageant cette vaccination. Un pas en avant. Mais des récalcitrants, aussi
têtus que le virus, refusent ce qu’ils appellent une dictature hygiéniste. Ce
faisant, ils mettent en danger d’autres personnes, surtout les plus fragiles,
en particulier dans les structures de soins et dans les lieux de rencontres.
Deux pas en arrière. Heureusement, des magistrats courageux - par exemple le
président Macron – tiennent bon face aux porteurs de pancartes arc-boutés sur
leur liberté individualiste, voire égoïste. Deux pas en avant.
Même dans l’Eglise catholique, le tango libre sévit. Pour
mieux servir le peuple de Dieu par la Parole et par l’Eucharistie, le concile
Vatican II a promu partout la langue du peuple et favorisé la participation
active de tous les baptisés. Deux pas en avant. Mais des contestataires
traditionalistes, tolérés par le pape Jean-Paul et encouragés par le pape
Benoît, se cramponnent à des usages qui ont handicapé trop longtemps l’accès du
peuple chrétien aux sources vives de la liturgie. Sans compter celles et ceux
qui ont profité de ces tolérances pour remettre en question d’autres acquis du
concile comme l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, la synodalité dans
l’exercice de l’autorité et la présence prophétique de l’Eglise dans notre
monde. Deux pas en arrière. Heureusement, le pape François, par un motu proprio
du 16 juillet, vient de recadrer ces coutumes en montrant clairement où se
trouve la préférence durable de notre Eglise : l’Evangile offert à un
peuple libre, conscient et participatif. Deux pas en avant !
Notre pape argentin a bien besoin de nos prières, celles
qu’il sollicite à chacun de ses rendez-vous avec les gens. La mise en pratique
de la lettre - et surtout de l’esprit - du concile Vatican II n’est pas de tout
repos. Comment peut-on nier, dans les crises que traverse notre Eglise, qu’il
faut continuer à promouvoir courageusement ses réformes, ce que le pape nomme
plus prosaïquement « un temps pour changer » ?
Danser l’Evangile, avec davantage de pas en avant que…en
arrière. Un tango chrétien !
Claude Ducarroz
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