Hommage au chanoine J.-P. Pittet

 

Homélie + J.-P. Pittet

Jean-Pierre. Jean-Pierre Pittet, le bien nommé. Deux apôtres pour lui donner la main tout au long de sa longue vie, du 28 mai 1929 au 18 juin 2021.

Il y avait du Jean, du saint Jean en lui. L’intériorité calme, le goût de la prière, une humble mystique au quotidien, la ferveur eucharistique, jusque dans ses derniers moments, avec une belle amitié pour Marie.

Il y avait aussi du Pierre, du saint Pierre, le roc des fidélités catholiques de base, le sens de l’Eglise, des impulsions vives parfois, mais toujours bien encadrées par des retours au centre christique, le recours et les secours de l’évangile en priorité.

Et l’homme en tout cela ? C’était Pittet. L’enfant des traditions catholiques du Gros-de-Vaud, avec une patrie qui sait encore fêter le blé et le pain, comme pour donner une saveur eucharistique à toute humanité.

Une prudence de sagesse, mais aussi une persévérance dans les engagements. On prend son temps, mais on est solide, là-bas, car les racines sont profondes pour que les fruits soient féconds.

 Ces fruits, ce furent d’abord les courageux hommages rendus à notre Eglise minoritaire, puis les engagements dans les nouvelles solidarités œcuméniques, au cœur d’une société qui attend des chrétiens de la collaboration pour le témoignage commun, plutôt qu’une dispersion dans les replis identitaires.

Sans jamais oublier son patrimoine vert et blanc, Jean-Pierre, qui a passé tout son ministère dans le canton de Fribourg, était devenu parmi nous le plus vaudois des fribourgeois et le plus fribourgeois des vaudois. Une moitié moitié très réussie, à goûter en fraternelle compagnie.

Mais, au-delà de ses traits qui relèvent du terroir -et plus précisément de Villars-le-Terroir-, Jean-Pierre fut parmi nous un prêtre. J’ose ajouter : un bon prêtre, comme on me l’a dit et écrit souvent ces derniers jours.

 Appelé par l’unique bon pasteur Jésus-Christ, dans le secret de ce qu’on appelle justement « la vocation », il a mis sa joie -et fait aussi la nôtre- dans l’imitation du berger de l’évangile. Oui, ce qu’on nomme « la pastorale ».

C’est ce qui faisait vivre Jean-Pierre, et c’est ce qu’il nous a aidés à vivre, à savoir la communion avec le Seigneur et ami Jésus-Christ. En vrai pasteur, y compris avec les imperfections de notre modeste service, il aimait connaître les brebis du Christ, il appréciait d’être connu d’elles, à la faveur de multiples rencontres qui font toujours le cœur battant de la pastorale. Pour le bonheur du pasteur, pour la croissance et la reconnaissance du troupeau.

Vous êtes là pour le reconnaître justement, et lui dire merci. Comment ne pas évoquer, en fervente mémoire, le ministère de Jean-Pierre dans la paroisse du Christ-Roi, durant 21 ans, d’abord comme vicaire, puis comme curé, avec l’annexe de la Chaumine à Crésuz et de la catéchèse aux écoles St-Charles et Ste Ursule, là où il fit beaucoup de bien à la jeunesse.

 Il faut ajouter aussi 20 ans à Ecuvillens et environs, toujours sous l’égide d’une pastorale de proximité et de partages fraternels, avec le rayonnement de plusieurs formes de bonté humaine, sans oublier ses liens avec le monastère de Hauterive.

Pour la suite, ce sont les religieuses qui pourraient témoigner, celles qui ont bénéficié longuement de son dévouement très fidèle auprès des Sœurs de Sainte-Marthe à Brünisberg et, plus récemment et tout aussi généreusement, dans la communauté des Sœurs Ursulines qui l’ont accueilli avec grande humanité pour les dernières années de sa vie au milieu de nous.

 Et bien sûr, je ne voudrais pas passer sous silence la présence de Jean-Pierre dans notre chapitre cathédral durant 24 ans, en soulignant le prix qu’il accordait à l’amitié sincère et joyeuse entre les confrères prêtres.

« Accomplis jusqu’au bout ton ministère », écrivait l’apôtre Paul à son disciple Timothée. Jean-Pierre l’a fait, je puis en témoigner, avec beaucoup de ses fidèles amis qui l’ont accompagné vers son passage pascal.

Il s’est bien battu, y compris parfois contre de pénibles ennuis de santé. Il a tenu bon, surtout par la prière et la messe. Il a donné de sa vie, et même sa vie, pour les brebis du Seigneur, que le Bon Pasteur lui avait confiées dans le difficile et beau ministère de prêtre.

 

 Il nous a répété, avec une liberté déjà détachée du provisoire parce qu’attachée au seul essentiel qu’est le Christ Jésus : « Je suis prêt, j’ai confiance, je peux partir. »

Parti ? Pour nous, nous qui sommes tristes, mais surtout heureux pour toi, puisque, selon la promesse rappelée par Paul, un ami de tes amis Jean et Pierre : « Le Seigneur, en juste juge, remet la récompense du vainqueur à ceux qui auront désiré avec amour la  manifestation de sa gloire. »

Parti, Jean-Pierre ? Non ! Arrivé !

Claude Ducarroz

 

 

 

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