Homélie 4ème dim. Carême
Homélie
14 mars 2021
Jn 3,14-21
Je n’ose
pas vous inviter à la danse puisque c’est le Carême. Mais l’évangile de ce
dimanche se déploie en trois temps, un peu comme une valse…mystique évidemment !
Le
premier temps est consacré à Dieu. On y redessine son portrait, on décline à
nouveau sa carte d’identité. Et comme c’est important, pour nous aussi, qui
devons régulièrement purifier l’image que nous nous faisons de Dieu, souvent à
notre image, avec toujours la tentation des idoles.
Qui est
Dieu ? « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils
unique… Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pour le juger, mais pour le
sauver… » Et l’apôtre Paul en rajoute une couche : « Dieu est
riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés… Il nous a
donné la vie avec le Christ. »
Toutes
les religions propagent une certaine image, une certaine idée de Dieu. N’allons
pas nous tromper de religion ou caricaturer l’image de Dieu. Le Dieu chrétien
s’appelle Amour, parce qu’il l’est en vérité, parfaitement, éternellement.
Et
précisément parce qu’il est Amour, et non pas violence, colère ou vengeance, il
nous a créés librement… pour la liberté, en se proposant au lieu de s’imposer,
en frappant doucement à la porte de notre conscience, plutôt qu’en entrant par
effraction dans le sanctuaire de notre cœur.
Pour que nos oui soient sincères, Dieu a couru
le risque de nos non. De cette façon, il honorait en même temps la redoutable
dignité de notre liberté et la tendre vérité de son amour.
Telle est
la foi, notre foi, celle qui accepte librement les propositions d’alliance de
Dieu, la foi des croyants au Christ. Et saint Paul précise : « C’est
bien par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. » C’est une grâce
parce que Dieu nous aime toujours le premier, mais notre foi vient à la
rencontre de ce don, qui nous entraîne jusqu’à la transfiguration de la
résurrection. C’était le deuxième temps de la danse du salut avec le
Dieu-Amour.
Et tous
les autres, me direz-vous, celles et ceux qui n’ont pas la foi, qui disent ne
pas croire en Dieu, toujours plus nombreux, semble-t-il, y compris dans nos
familles jadis chrétiennes ? Le Royaume serait-il réservé aux seuls
croyants estampillés chrétiens, à celles et ceux qui confessent la vraie foi,
qui croient au nom du fils de Dieu ? Mais qui serait Dieu si son amour
sélectionnait les hommes de cette façon : tant mieux pour les croyants,
tant pis pour les autres ?
Heureusement, il y a un troisième temps dans
la parade nuptiale avec Dieu. L’évangile nous dit que celui qui vient à la
lumière, c’est celui qui rend le témoignage des œuvres bonnes, autrement dit
celui qui aime son prochain, celui qui donne sa vie -ou de sa vie- pour ses
frères et sœurs.
Alors,
nous rappelle l’apôtre Jean, ses œuvres prouvent qu’elles ont été accomplies en
union avec Dieu. Et saint Paul d’insister : « Dieu nous a créés dans
le Christ en vue de la réalisation d’oeuvres bonnes, pour que nous les
pratiquions. » Oui, nous serons tous jugés sur l’amour, que ce soit les
croyants ou les autres.
Nous n’en
avons pas encore fini avec ce maudit Covid. Nos fragilités elles-mêmes, a
fortiori nos mortalités, nous rappellent que nous sommes faits pour plus que ce
monde. Notre foi nous invite à nous raccrocher à l’espérance de la
résurrection, qui est notre véritable destinée finale, tôt ou tard. Car le premier
ressuscité veut nous faire siéger avec lui dans les cieux, là où il nous attend,
là où nous sommes appelés à le rejoindre pour l’éternité.
Mais en
attendant -soyons prêts sans être pressés-, donnons la main à tous les humains
de bonne volonté, aux croyants de la même famille ecclésiale, mais aussi aux
non-croyants ou mal-croyants de la même famille humaine. Encourageons-nous plus
que jamais, en ce temps où la vie et la mort semblent se livrer une bataille acharnée,
à semer partout de la solidarité, de la compassion, de l’entraide, en un
mot : de l’amour. Profitons, tous ensemble, avec la grâce de Dieu reconnue
ou non, de devenir meilleurs, plus fraternels, plus humains en somme.
Ne perdons pas notre temps à chercher des
coupables -les autres évidemment-, ni à nous replier dans l’égoïsme triste ou
l’agressivité tous azimuts. Nous avons tellement mieux à faire.
Et si nous voulons y ajouter un peu de
consolation pour bouster notre courage, à la faveur du printemps qui pointe,
semons en nous et autour de nous des graines de beauté simple, gratuite, comme
un sourire derrière les masques, les musiques de l’amitié, les couleurs de la
nature, des petits signes de multiples partages…en attendant mieux, quand on le
pourra.
A la
gloire du Dieu-Amour, dans la ferveur de la foi, par la douceur bénie de toutes
les communions humaines.
Claude
Ducarroz
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