Parabole des talents Mt 25

 

HOMELIE

15 novembre 2020

Mt 25  Parabole des talents

25 kilos d’argent, 6000 francs or. Rassurez-vous ! Je ne fais pas de la publicité pour Swiss Loto, Euro Millions ou un quelconque casino. Ce n’est pas dans ma culture. Simplement, il y a 13 fois le mot « talent » dans l’évangile de ce jour, et le talent dont parle Jésus vaut précisément ces chiffres imposants.

 C’est dire combien le Monsieur de la parabole était riche, puisqu’il distribua 8 talents à ses serviteurs. Mais il était aussi un bon capitaliste, derrière ses beaux gestes de confiance, quand il leur remit ses biens. Il fallait que ça lui rapporte durant son voyage. Et pas rien qu’un peu, puisqu’il attendait que ses gérants doublent son capital.

 On se demande dans quelles banques -peut-être une multinationale basée en Suisse-, ces serviteurs ont pu placer une telle fortune pour obtenir des intérêts aussi mirobolants. Mais cela n’est pas dévoilé dans la parabole. Il y avait déjà le secret bancaire en ce temps-là.

Soyons plus sérieux. Que veut nous dire cette parabole ? D’abord que ce que nous avons, et surtout ce que nous sommes, nous l’avons tous reçu. Nous existons comme fruits de multiples cadeaux, gratuits, généreux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ?», écrivait saint Paul.

 Nous sommes tous des « Dieudonné ». A travers l’amour de nos parents -même s’ils n’étaient pas parfaits-, à travers la culture, à travers l’Eglise aussi, nous sommes devenus ce que nous sommes, tant bien que mal. Evidemment, nous aussi imparfaits, mais des êtres humains, créés à l’image de Dieu, mystérieux pèlerins sur cette terre, mais placés sur orbite d’éternité.

 Le talent si précieux de la Vie !

Alors, c’est vrai. Par les temps qui courent, nous prenons mieux conscience de la fragilité de notre vie, de sa vulnérabilité. Mais comment oublier, malgré nos épreuves, que nous sommes encore, chez nous, du bon côté de l’humanité, en comparaison avec tant d’autres ?

Plus que jamais, il nous reste à nous poser cette question, que Jésus nous adresse, quel que soit le nombre des talents reçus – 5, 2 ou seulement 1- : qu’as-tu fait, ou plutôt, que fais-tu de tes talents ? De ton corps d’abord, de tes capacités d’aimer de tout ton cœur, de tes acquis par la formation et la culture, de tes compétences sociales, des beautés de ton environnement

naturel, des grâces que tu as reçues en Eglise, par la foi, la prière, la liturgie, la révélation de ta destinée éternelle ?

Etre un humain -homme ou femme-, c’est une merveilleuse vocation. Devenir humain, c’est un beau combat de tous les jours, en soi-même et avec les autres. Devenir chrétien dans notre humanité, c’est l’ineffable secret de notre communion avec Dieu lui-même, y compris quand nous lavons nos misères dans sa miséricorde.

Dieu est le dernier en calcul parce qu’il est le premier en amour. Ne nous laissons pas décourager par la mathématique commerciale, voire bancaire, de cette parabole. Car au-delà des intérêts que Dieu attend de son investissement créateur en nous, il y a surtout une humaine invitation et une divine promesse.

L’invitation a la forme d’une étonnante confiance : « Tu as été fidèle dans les petites choses. Je t’en confierai beaucoup. » C’est peu dire, quand nous regardons notre monde, et aussi notre Eglise, qu’il y a encore beaucoup de choses à faire, pour humaniser l’humanité, pour réformer l’Eglise.

Eh ! bien, Dieu nous fait assez confiance pour nous inviter à œuvrer sur ce vaste chantier, qui est finalement le sien parmi nous et avec nous. La moindre action positive de chacun de nous, pour la justice, la paix, la culture, la fraternité, c’est déjà des intérêts d’Evangile qui s’accumulent dans la banque de l’amour de Dieu, de l’amour qu’est Dieu.

Sans oublier tout ce qui peut rendre l’Eglise meilleure servante de Jésus en servant tous ses frères humains. Telle est la moisson de tous les bons grains dont parle la parabole.

Et puis surtout il y a la promesse, exprimée de si belle manière : « Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur ». Quelle joie ? Celle qui nous submergera quand nous nagerons dans la gloire de Dieu, lors de notre arrivée dans son Royaume, au terme de notre pèlerinage humain, ardent et souvent ardu.

 Mais aussi et déjà maintenant, celle que nous pouvons éprouver avec reconnaissance et un certain « bonheur malgré tout », malgré le Covid, quand nous goûtons, dans nos profondeurs de silence et d’amour, la douce présence de celui qui nous habite déjà en ce monde, tout en nous incitant à marcher courageusement vers l’autre.                                         

Claude Ducarroz

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