Homélie 25 0ctobre 2020

 

Homélie

25 octobre 2020

Bourguillon

 

Ce n’est pas un secret, car beaucoup d’autres le ressentent comme moi : j’en ai un peu marre de ce maudit virus, ennemi minuscule et invisible, perturbateur et même dangereux. S’il faut montrer un symbole concret pour désigner symboliquement l’année 2020, ce sera sûrement…le masque ! Nous devons tout faire pour limiter les effets délétères de cette pandémie, mais il nous faut aussi essayer de tirer quelque chose de positif de cette épreuve, sans oublier que nous tous, ici en Suisse, nous sommes encore du bon côté de l’humanité soumise à ce méchant Corona.

Lutter contre, mais vivre avec, c’est peut-être nous reposer la question de l’essentiel le plus profond, qui peut donner un sens à notre vie et, éventuellement, puisque nous sommes tous mortels, à notre mort, avec ou sans ce virus.

A sa manière, dans son contexte à lui, le pharisien docteur de la loi de cet évangile posait la même question à Jésus. Pour un pratiquant scrupuleux de la loi e Moïse, il était essentiel de savoir quel était le plus grand commandement, surtout quand on constate qu’il y en avait normalement 613 à mettre en pratique. Et nous voilà, nous aussi, ramenés à ce qui est le plus important pour réussir notre existence humaine en ce monde, et même après. Le résumé consiste en un seul mot, même s’il a deux faces, comme une précieuse médaille : aimer !

Aimer Dieu parce que nous savons qu’il est Amour, et qu’il nous aime infiniment, le premier, gratuitement. Et voilà l’autre côté de ce même amour, inséparable de lui : aimer notre prochain. Un ami m’a dit un jour : « Si tu as de la peine à aimer ton prochain, aime le suivant. Tu auras toujours quelqu’un à aimer ! »

Tu aimeras ! Et si l’on prenait au sérieux cette pandémie, avec ses désagréments et parfois ses opportunités, pour sonderaussi les profondeurs de notre vie ? Sous cette double lumière d’un même projecteur, celui de l’amour, comme nous le propose Jésus.

Notre existence est-elle accrochée à l’Amour majuscule qu’est Dieu, dans les bons et les moins bons jours ? Consacrer du temps pour la prière silencieuse, pour la rumination de la parole de Dieu, pour la communion eucharistique devrait nous permettre de prendre la juste température de notre propre mystère, celui que nous sommes comme humains, les pieds sur terre, mais aussi avec le visage tourné vers le Royaume de Dieu, notre ultime destinée.

Quant à l’amour du prochain, qui est inséparable de l’amour de Dieu, se peut-il que nous ayons encore à chercher des pistes d’atterrissage pour le mettre en pratique ? La pandémie, heureusement, a ranimé des élans de solidarité, d’attention aux autres, des gestes de compassion et de soutien, toute une charité inventive qu’il ne faudrait pas laisser s’éteindre. Et si vous êtes à court d’imagination charitable, relisez les propositions concrètes figurant dans la première lecture de ce dimanche :

* ne pas exploiter ni opprimer l’immigré,

* ne pas accabler la veuve et l’orphelin,

*prêter de l’argent au pauvre sans intérêt (ce qui n’est pas très suisse !)

*rendre son manteau au sans-abri avant le coucher du soleil pour qu’il puisse dormir couvert durant la nuit.

Mais nous pouvons tous trouver des occasions d’aimer et de servir dans le contexte qui est le nôtre aujourd’hui.

En résumé : tenir une main élevée vers Dieu au ciel, et l’autre tendue vers nos frères et sœurs dans le besoin, et entre les deux laisser battre le cœur d’un seul et même amour qui est en nous le puissant virus de Dieu.

Et puisque le virus de la grippe risque de s’ajouter au Corona, je vous propose comme antidote efficace, en plus de la bonté contagieuse, le virus de la beauté, cet autre nom de Dieu. Consommons sans modération toutes les beautés du ciel et de la terre, celles de la si belle nature actuellement, celle des arts et des musiques, et surtout celle des visages humains, même masqués, puisque nous sommes créés à l’image de Dieu.

 Bonté et beauté : Dieu nous tend ses deux mains pour animer les nôtres à coups de bon cœur, afin de soigner nos misères humaines par toutes ses divines miséricordes.

Claude Ducarroz

 

 

 

 

 

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