Réfugiés de Lesbos : « Au secours ! »
Déclaration publique à la manifestation de solidarité du 15 septembre 2020
Je vous parle comme un humain parmi d’autres humains. Et aussi comme un chrétien et un prêtre. Et comme membre actif de l’association « Osons l’accueil ».
Incroyable, mais hélas ! c’est vrai ! En 2020, sur le territoire de l’Europe, des milliers d’êtres humains -parmi lesquels de nombreux enfants- gisent dans des camps entourés de barbelés, et désormais privés du minimum vital qui leur permettrait de mener une existence digne de leur identité humaine. Ce qui se passe à Moria est inadmissible, indigne d’eux, indigne de nous.
Bien sûr, le problème est fort complexe, et par conséquent les solutions difficiles à trouver. Mais ces personnes sont des êtres humains comme vous et moi. On ne peut les maintenir parquées jusqu’au désespoir, coincées entre des problèmes dont elles ne sont pas responsables, et des solutions toujours renvoyées aux calendes grecques. Excusez cette douloureuse expression de notre incapacité à être efficace quand il s’agit de la solidarité vitale pour ces malheureux.
C’est un problème politique global qui nous dépasse, surtout nous les Suisses, disent certains qui prennent prétexte de cette situation compliquée pour dire à ces gens d’aller voir ailleurs et surtout de ne pas venir chez nous.
C’est vrai : les causes de ces migrations forcées relèvent aussi de la géo-politique qui peut nous émouvoir un moment et nous démobiliser ensuite.
Mais maintenant, face à ces personnes en détresse, il nous faut cesser de nous réfugier derrière notre démocratie juridique et notre diplomatie de labyrinthe. C’est l’urgence humanitaire qui sonne le glas.
Après tout, si la démocratie, c’est le pouvoir et la volonté du peuple, nous sommes aussi le peuple. Nos autorités ne peuvent pas et surtout ne doivent pas miser sur l’usure de l’indifférence, ni faire seulement quelques petits pas pour avoir bonne conscience.
Regardez-les dans les yeux, ces hommes, ces femmes, ces enfants, vos semblables, votre prochain, vos co-humains. Et interrogez d’abord votre cœur, votre compassion responsable.
Nous, le peuple, nous sommes prêts à faire notre part pour soulager tant de misères insupportables qui gémissent à nos portes. Laissez-nous au moins ouvrir nos cœurs, sinon le vôtre, après avoir vu et entendu, comme vous d’ailleurs, tant de souffrances crier vers le ciel, vers nous, vers vous aussi.
Ces hommes, ces femmes, ces enfants sont tellement plus précieux que le respect scrupuleux, même de nos meilleures lois. Un seul droit demeure en ces circonstances, celui de vivre humainement, librement, dignement.
Habitants de ce pays -la Suisse-, qui que nous soyons dans toutes nos diversités de culture et d’origine, nous vous le disons, nous vous le crions très fort : les gens de Moria à Lesbos sont des humains comme nous, comme vous. Nous voulons seulement qu’ils puissent devenir chez nous des frères et sœurs accueillis, respectés, aimés.
Claude Ducarroz
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