Prenons des antidépresseurs !
Je préférerais vous parler d’autre chose, mais je dois me
rendre à l’évidence : par les temps qui courent, je rencontre beaucoup de
chrétiens déprimés. Est-ce l’ambiance Covid ? Est-ce la situation actuelle
de l’Eglise ? Est-ce l’impact des derniers évènements malheureux, voire
scandaleux ? Un peu de tout cela sans doute. Dans le landernau catholique,
je sens beaucoup de vague à l’âme, quelques découragements, et même parfois de
la tristesse qui se mue en colère. Que dire alors de celles et ceux qui, déjà
spontanément sceptiques ou critiques à l’égard de la religion, trouvent dans
certaines affaires fortement médiatisées, de nouvelles raisons pour s’éloigner davantage
des Eglises ou conforter leur incroyance ? Décidément, il n’y a pas que le
Corona qui provoque des infections contagieuses pouvant conduire au coma…
spirituel.
Est-ce grave, docteur ? Eh ! bien justement, il est
urgent de prendre rendez-vous avec le docteur, un certain Jésus de Nazareth qui
s’est présenté en médecin de l’être en nous disant qu’il est venu non pas pour
les bien portants, mais pour les malades… que nous sommes tous (Cf. Marc 2,17).
Dès lors, consultons-le sans modération pour retrouver une certaine santé de
l’âme, en évitant, si possible, la chute dans l’agonie de la foi.
L’Evangile nous offre une belle pharmacopée
d’antidépresseurs. Jésus fatigué savait aussi se reposer en prenant du recul
dans la solitude priante de la montagne. Il ne craignit pas de recourir à
l’aide d’une certaine femme « pécheresse » pour étancher sa soif au
bord du puit. Il profita aussi de la nature pour louer le créateur de toute vie
et de toute beauté. Dans la Parole inspirée par l’Esprit, il trouvait la
lumière pour bien interpréter les bonheurs et les malheurs environnants. Ses
amis les plus proches étaient fort imparfaits, mais il aimait les retrouver
dans des partages chaleureux, mais aussi fort disputés. Quand il s’impatientait
avec eux, il les envoyait en mission auprès des plus pauvres et des plus
nécessiteux, car rien ne remplace la compassion envers le prochain en peine
pour apaiser nos propres douleurs. Finalement, chercher ardemment la communion
avec le Père pour mieux accomplir sa volonté d’amour, voilà le secret de la joie
retrouvée et le courage de continuer à marcher sur la route de la vie,
personnelle et en Eglise.
Je me permets donc de vous recommander quelques
antidépresseurs tout évangéliques. Par exemple, prier en silence dans une
chapelle au hasard d’une promenade, s’arrêter pour admirer un paysage en
hommage au Créateur, faire mémoire de tout ce que l’Eglise vous a apporté de
positif malgré les défauts de ceux qu’on appelle les « hommes
d’Eglise », visiter un musée en ciblant les œuvres à thèmes religieux,
écouter du chant grégorien, un choral de
Bach ou une messe de Mozart, ré-ouvrir l’Evangile ou plonger dans une épître de
Paul, se présenter pour accomplir quelque service positif dans la communauté, tendre
la main du coeur à une personne dans le besoin ou le chagrin.
Et puis tout le reste, autrement dit ce que l’Esprit vous
inspirera comme remède contre la déprime ecclésiale, qui, sans être une
potion-miracle, vous permettra de refaire confiance à Celui qui a fondé son
Eglise et continue de veiller sur elle, tandis que nous boîtons en avançant
cahin-caha vers son Royaume.
Claude
Ducarroz
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