Good News 2020 - Adresse de merci - 25 août 2020

Vous ne serez pas étonnés que j’exprime d’abord un bouquet de mercis.

Merci aux personnes inconnues de moi qui m’ont « nominé » en vue du prix Good News. Je leur pardonne leur imprudence.

Merci à celles et ceux qui ont ensuite voté pour moi. Je les confie à ma miséricorde.

Merci à vous qui êtes venus participer à cette réception. Vous êtes surtout des amis qui me veulent et me font du bien. Je n’ai rien à pardonner, seulement à remercier de tout mon cœur.

Et merci surtout à la Commission de la communication et des médias de la Conférence des Evêques suisses – associée au Centre catholique des médias Cath-info - et merci à son président et porte-parole Mariano Tschuor, pour le prix, certes, mais surtout pour l’adresse que vous m’avez infligée, sans doute avec sincérité mais aussi avec quelques exagérations. L’avenir dira la vérité qui doi rester de cet éloge. Je vous pardonne d’avance…le reste.

S’il faut tresser un éloge, c’est bien celui que nous devons à la communication, et donc à tous les communicateurs. De bien des manières, quelles que soient leurs convictions ou croyances, notamment dans les Eglises, mais aussi dans les innombrables avenues et carrefours de la société.

Une mention spéciale est destinée à Gabrielle Desarzens pour ses reportages sur la situation des migrants, ainsi qu’à la série Plaît-il, en lice pour le même prix. A vous aussi : merci et félicitations.

Nous tirons notre ADN humain d’un Dieu d’éternelle communication – God News- dans la parfaite communion de l’Amour. Il a pris le risque de nous créer à son image, à cette image. D’ailleurs, même si nous en restons à l’évidence la plus basique et la plus universelle, ne sommes-nous pas tous, et qui que nous soyons, le troisième de deux autres par une communication féconde d’un mystérieux amour qui nous fait exister?

Quant à la plus étonnante « good news » qui soit, nous croyons qu’elle s’est présentée « en personne » dans le mystère divin et humain de Jésus de Nazareth. Tel est notre frère-évangile au centre de l’histoire et au milieu de nous, notre avenir pascal pour ce temps et pour l’éternité.

Dès lors, les hommes et les femmes de tous les temps, et donc aussi de notre temps, sont appelés à s’épanouir personnellement et à faire des heureux collectivement, en pratiquant sans modération les communications, en vue de toutes les communions possibles. Certes très imparfaitement, mais aussi réellement. Dans cette bienheureuse et parfois tragique aventure, les chrétiens, au milieu des autres humains, doivent être en première ligne comme apôtres de fraternité universelle, que ce soit en communion de foi dans l’Eglise et en solidarité de partages en pleine humanité.

Pour accomplir cette vocation, il nous faut plusieurs courages.

*Celui de voir l’Eglise et la société telles qu’elles sont, donc problématiques et par conséquent perfectibles, chacune à sa manière.

*Le courage d’oser exprimer franchement nos attachements ombilicaux et affectifs – j’aime l’Eglise, j’aime mon Eglise-, et aussi nos désirs de profondes réformes, aussi rapidement que nécessaires et donc le moins lentement que possible.

*J’ajoute le courage, par les temps qui courent, de conserver et d’illustrer la mission civilisatrice des chrétiens et des Eglises, dans l’humble exposition des trésors de beauté, de sagesse et d’espérance qui marquent encore notre histoire d’une signature surhumaine.

Pour ma part, après 55 ans d’heureux ministère dans mon Eglise et au-delà, je plébiscite l’investissement de la communion critique. Pas en rouspétant au bord du terrain parmi des spectateurs de canapé, ni en jouant les infaillibles dans les arrière-boutiques ecclésiastiques, mais en mouillant la chemise évangélique dans la lutte exigeante, dans les risques de la créativité pastorale et dans la contemplation priante.

C’est ainsi que j’essaie de m’exprimer et de m’engager, sans prétention et sans « officialité », à la fois dans une Eglise œcuménique et populaire, et pour une société plus juste et plus fraternelle, notamment à l’égard des petits, des oubliés et des douloureux de ce monde.

Je remercie tous les artisans de tous les médias, qui le font aussi vaillamment dans cet esprit, et je souhaite que les nouveaux moyens de communications servent toujours mieux ce magnifique projet humain qui exhale aussi quelque part un parfum de divin, aux saveurs multicolores de l’évangile.

Enfin, pour terminer et dans le but de remercier et de féliciter bien au-delà de cet exemple concret, permettez-moi de partager ce que j’ai ressenti le soir du 1 er août quand je passais quelques jours de vacances à Schwyz et que le coronavirus m’a contraint à rester dans ma chambre puisque rien ne se passait à l’extérieur. J’ai beaucoup goûté l’émission concoctée par notre télévision suisse. Tout y était :

* l’écho de nos souffrances et de nos angoisses puisqu’on a largement évoqué la pandémie ;

* la sobriété des moyens, sans esbroufe, avec seulement quelques personnes sur un bateau ;

* la rencontre apaisée des diverses cultures et des générations, avec des jeunes capables de nous offrir des musiques très modernes sans rechigner devant l’hymne national ;

* avec des personnalités de haut niveau politique, mais aussi avec des gens tout ordinaires, de la base plébéienne ;

* avec des démonstrations poétiques de notre belle nature… à préserver ;

* et même avec une dimension spirituelle forte puisque Jean-Marc Richard a dialogué avec le

professeur Didier Pittet dans la chapelle d’une colonie de vacances en Valais, là où le célèbre

médecin a jadis participé à la messe tous les jours, en remerciant d’ailleurs les prêtres qui

accompagnaient avec grand dévouement ces enfants et ces jeunes…en ce temps-là !

Complet, simple, magnifique, émouvant.

C’était une vraie good news à la sauce helvétique.

A nous tous de communiquer de telles good news, et peut-être même d’être des good news, dans l’Eglise et pour le vaste monde.

Claude Ducarroz

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