Ministères en Eglise (conférence)

 

Ministères en Eglise

Ce que je crois -  Ce que j’espère

Mémorial

Souvenez-vous de vos chefs, eux qui vous ont fait entendre la Parole de Dieu. Considérez comment leur vie s’est terminée, et imitez leur foi. Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui. Il le sera pour l’éternité.  He 13,7-8. 

Qui est le premier ministre ?

-        Le meilleur serviteur !

-        Jésus de Nazareth, fils de Dieu fait homme, dit le Christ

-        Fils de la servante Marie et du charpentier Joseph

-        Un laïc de Galilée

Très éloigné des prêtres du Temple, des responsables religieux d’Israël et des notables juifs, avec lesquels il a expérimenté difficultés et tensions, jusqu’à la rupture.

Il a passé toute sa vie en faisant le bien, notamment par son ministère auprès des foules, ces concentrés de toutes les misères, souffrances et exclusions. Une pastorale du salut universel qui doit conduire au Royaume de Dieu. Quel service !

Il a résumé tout son service en deux jours. Et son action et son esprit.

-        Le lavement des pieds. Le Seigneur se fait esclave  Jn 13

-        L’eucharistie. Il se donne lui-même dans un repas fraternel  Lc 22

-        La mort sur la croix pour manifester l’amour de Dieu pour toute l’humanité.

Tout cela a été validé par Dieu lui-même dans l’évènement de la résurrection.

Trois gestes fondateurs, avec chaque fois cette consigne : « Vous referez cela en mémoire de moi », à savoir servir humblement, partager fraternellement et donner sa vie par amour jusqu’au bout.

Et les compagnons de Jésus ?

La consigne s’adressait à ses compagnons chargés de prolonger sa mission dans le même esprit. Qui sont-ils ?

-        Ses nombreux disciples – hommes et femmes  Lc 8- qui l’ont suivi, plus ou moins, jusque là

-        Les 12 apôtres, représentant le peuple d’Israël, ainsi que les 72 qui renvoient plutôt aux nations païennes  Lc 10

-        Quelques figures éminentes, d’abord Pierre, Jacques et Jean, et bientôt Paul de Tarse, le surnuméraire inattendu et dérangeant.

Ce rappel de l’esprit de service était très opportun quand on sait que parmi ce groupe de proches, certains voulaient être premier ministre  Mt 20, d’autres se faire reconnaître comme le plus grand parmi eux  Lc 22  et certains s’affubler de titres pompeux comme père, maître et rabbi.  Mt 23, 8-12   Rien de cela parmi vous, avait dit Jésus, en plaçant un petit enfant au milieu d’eux. Régner, c’est servir, sous le primat de la charité.  I Co 13

Après la résurrection et l’ascension de Jésus, ces ministres auxiliaires de sa mission vont traverser la tempête spirituelle de la Pentecôte. Et c’est la grande aventure de l’Eglise  Mt 28 : une Eglise apostolique, mariale et fraternelle  Ac 1

-        Partir évangéliser toutes les nations en établissant des communautés chrétiennes

-        Proposer la foi pascale en communion avec le Christ ressuscité qui a promis d’être toujours avec eux

-        Baptiser au nom de la Trinité

-        Nourrir les chrétiens par le Pain de la Vie.

Le tout dans une ambiance de liberté, égalité et fraternité.

Dans ces cellules trinitaires, on éprouve le mystère de Jésus en se sachant, dans la foi, corps du Christ Col 1. temple de l’Esprit  Eph 2 et famille de Dieu Eph 2, un peuple nouveau à la fois royal, sacerdotal et prophétique I P 2, dans une nouvelle liturgie qui consiste à offrir sa personne et sa vie comme un sacrifice agréable à Dieu en Jésus Christ.  Rm 12

N’importer où, n’importe quand, en esprit et vérité. Jn 4

Tels sont les serviteurs de l’Evangile appelés à semer la Bonne Nouvelle dans les diverses cultures et contextes sociaux rencontrés sur leur chemin.

Tant qu’il est là, l’apôtre exerce son ministère d’animation, de régulation et de liaison inter-Eglises. Par exemple par des rencontres pour dialoguer en cas de conflit. Ac 15

Mais il a aussi des collaborateurs et collaboratrices, en équipes, tout dévoués à leur tâche missionnaire avec lui. Cf le début des lettres de Paul

 Par exemple, dans ses lettres, Paul nomme explicitement 36 auxiliaires dont 10 femmes. Par ailleurs surgissent dans les communautés des charismes, services et compétences aussi nombreux que variés, que l’apôtre s’empresse de relier à la générosité trinitaire.  

Cf. I Co 12,4-7.  Il y a certes diversité de dons spirituels, mais c’est le même Esprit, diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur, diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui produit tout en tous.  Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

On peut nommer entre autres les prophètes, les pasteurs, les docteurs, les évangélistes, les thaumaturges, les anciens, etc… Et n’oublions pas les femmes  Rm 16 : Prisca enseigne, Phoibè est diaconos, Junias est appelée apôtre éminente. Quelle liberté !

Une telle floraison correspond aux besoins actuels de la communauté, moyennant le discernement selon certains critères, avec la prière des fidèles, l’imposition des mains et l’envoi en mission. Et quelle affection entre l’apôtre et ses ouailles !  

Cf. I Th 2, 19-20  Quelle est en effet notre espérance, notre joie, la couronne dont nous serons fiers, si ce n’est vous, en présence de notre Seigneur Jésus Christ lors de son avènement ? Oui, c’est bien vous qui êtes notre gloire et notre joie.

Au risque de l’histoire

A la fin des temps apostoliques, il fallait durer dans la mission. Rapidement, des figures principales émergent, qui vont assumer de nouvelles tâches plus structurées.  I Tm 

Il s’agit des épiscopes -sur le modèle de la vigilance civile-, des presbytres .-selon la tradition synagogale des anciens- et des diakonoi, pour le service de la parole et de la solidarité. C’est parmi cette élite que seront choisis les présidents de l’eucharistie.

Ces ministres un peu dominants vont faire rayonner le christianisme dans le contexte socio-culturel de leur milieu, comme on le voit très tôt chez les Pères de l’Eglise.  Cf Ignace d’Antioche

Avec un double souci : garder fidèlement l’originalité du mystère chrétien, quitte à le présenter en contradiction avec les us et coutumes du temps, et aussi favoriser une inculturation locale avec le risque de certaines contaminations, par des religions et par des philosophies contemporaines.

Ainsi l’épiscopat va devenir très monarchique, l’évêque de Rome va revendiquer toujours plus de prérogatives au titre de sa primauté, les prêtres vont sacraliser non seulement leurs fonctions -notamment eucharistiques-, mais aussi leurs personnes.

Sans doute y eut-il quelques rééquilibrages, par exemple par l’institution des patriarcats régionaux et la tenue de conciles, souvent organisés par les empereurs pour reconstituer l’unité doctrinale et disciplinaire, y compris parmi les ministres.

On peut imaginer les traces profondes laissées dans le clergé par l’immersion dans les cultures ambiantes, par exemple les fastes de l’empire byzantin (Cf les liturgies), les traditions juridiques de l’empire romain d’occident (Cf le droit canon), les cours carolingiennes, les réseaux de la féodalité au Moyen Age, et jusqu’aux palais des monarchies baroques.

 Aujourd’hui encore, nous traînons quelques restes de ces temps révolus, qui n’ont plus rien à faire avec le véritable esprit de service : le pape comme souverain pontife, les princes-évêques, les titres pompeux et les hiérarchies honorifiques dans le clergé, etc…

Il y eut cependant quelques correctifs à cette prolifération de cléricalisme, par exemple la diffusion rapide de la vie monastique après la fin des martyrs. Il s’agit là d’un charisme très fécond, normalement hors des circuits cléricaux.

 Ce fut aussi le cas par l’éclosion généreuse de la vie religieuse -pour les hommes et surtout pour les femmes. En vérité, ils et elles sont des laïcs, sous la libre observance des vœux, et pour des missions très variées répondant aux besoins du temps, dans le registre contemplatif, apostolique et missionnaire.

Notons cependant que les femmes religieuses ont toujours été placées sous la vigilance de pieux clercs masculins, que ce soit à Rome, dans les diocèses ou par des communautés symétriques cléricales.

Il faut enfin reconnaître que, même s’il y eut dans cette histoire et ces histoires de l’Eglise des abus à propos de l’exercice des ministères – abus d’autorité, de conscience, de sexualité-, le témoignage de nombreux saints et saintes -connus ou inconnus- n’a cessé d’irriguer le terreau ecclésial de sève évangélique, même aux pires époques. Nous leur sommes encore reconnaissants. A cause de l’Evangile et à cause de la culture.

 

 

 

Et maintenant

Il nous faut ausculter un peu le concile Vatican II, qui n’a pas bousculé beaucoup les ministères. Mais il a rappelé des bases doctrinales opportunes.

Le peuple de Dieu, à savoir tous les baptisés, est remis au centre de la théologie et de la pratique de l’Eglise. Tous ensemble, à égalité fondatrice, nous formons une communauté sacerdotale qui réalise en solidarité la mission confiée par le Christ. Tous les ministères sont au service de l’accomplissement de cette vocation commune, laquelle implique pour tous des droits et des devoirs.

Ce qui a bougé, c’est que les évêques, désormais  reconnus dans la dignité sacramentelle de leur ordination, sont tenus à vivre une intense collégialité, manifestée par la célébration régulière de synodes et la consultation de divers conseils.

Les prêtres. -qui sont invités à vivre davantage en communauté- doivent se laisser conseiller par des instances de délibération prévues par le droit, afin d’exercer leur service pastoral d’évangélisation, de sanctification et d’animation communautaire, dans un esprit de partenariat. Être prêtre, ça reste une belle et bonne vocation !

Quant au diaconat permanent, il a été heureusement rétabli. L G 29

Pour les laïcs, Lumen Gentium note qu’ils peuvent être appelés à coopérer plus immédiatement avec l’apostolat hiérarchique  L G 33, qu’ils peuvent coopérer à l’exercice du gouvernement dans l’Eglise  L G 129. Quoi qu’il en soit, ils ont la faculté et même parfois le devoir de manifester leur sentiment en ce qui concerne le bien de l’Eglise.  L G 37

On peut aussi rappeler l’éclosion de communautés nouvelles sur l’élan des mouvements dits charismatiques avec leurs bergers. Avec nos larmes pour les graves crises qu’elles traversent aujourd’hui !

Curieusement, il faut plutôt consulter le code de droit canonique de 1983 pour trouver des précisions sur les ministères des laïcs en Eglise.

Il est rappelé que les laïcs, à certaines conditions, peuvent être sollicités comme conseillers des pasteurs sacrés  228. Ils peuvent administrer les biens d’Eglise  204, enseigner les sciences sacrées et même assumer la prédication  766, mais pas l’homélie.

 Liturgiquement, et à titre de suppléance, ils peuvent présider la prière liturgique, les funérailles  1077, les sacrements de baptême, de mariage et certains sacramentaux  1168, et distribuer la communion. 230  Ils peuvent être lecteurs et acolytes, même les femmes depuis le pape François. A-t-on assez puisé dans ces opportunités déjà offertes ?

Mais il faut aller plus loin. C’est ce qu’ont souhaité, en Suisse, les synodes diocésains 72, confirmés chez nous par AD 2000. L’expérience fut vraiment synodale avant la lettre - 5 sessions  180 délégués-. Elle a mobilisé toutes les forces qui constituent l’Eglise de notre pays.

Concernant les ministères, on ne manqua pas d’audace et d’espérance, à commencer par le désir d’une gouvernance de l’Eglise sous forme participative, ce qui a conduit à l’émergence de nouveaux conseils et commissions. Parfois en surabondance !

 Il fut significatif que les synodes demandèrent

-        Que les laïcs puissent prendre part à la prédication  34-35

-        Que l’appel aux ministères soit possible à partir de toutes les situations humaines 100

-        Qu’on remette en question l’obligation du célibat pour tous les prêtres, et donc qu’on puisse ordonner prêtres des hommes mariés 412

-        Qu’on aide les prêtres dispensés de célibat à retrouver un service dans l’Eglise 111

-        Qu’on étudie encore la question de l’ordination des femmes, au moins comme diacres, aussi comme prêtres 112

-        Qu’on nomme aussi des femmes dans des postes à décision  AD 27

 

-        A ce point du rappel des souhaits des synodes, peut-être est-il utile d’examiner de plus près deux thèmes qui restent aujourd’hui d’actualité : le célibat requis de tous les prêtres dans l’Eglise latine et l’ordination éventuelle des femmes.

 

Le célibat

-                           Dans le nouveau testament, le célibat « à cause du royaume des cieux » est loué et même recommandé, mais jamais imposé. Mt 19  I Co 7  Il est un charisme possible, une vocation libre, pas nécessaire pour qui que ce soit, même pour les ministres.  I Tm 3.

-         

-        Au cours de l’histoire de l’Eglise, le célibat a été de plus en plus souhaité pour les évêques et les prêtres, jusqu’à l’injonction du concile Latran II en 1139 qui a imposé l’engagement au célibat perpétuel comme condition pour l’ordination presbytérale valide dans l’Eglise latine. Les Eglises d’Orient, y compris catholiques, ont conservé un double clergé. Cf les prêtres gréco-catholiques.

-         Les raisons de cette préférence, devenue finalement une règle, sont diverses. L’imitation totale du Christ en est une qui relève de la mystique. De même une entière disponibilité de la personne pour le ministère pastoral.

-        L’influence du prestige des moines a aussi compté. On pourrait selon les historiens y repérer aussi des motivations moins honorables, par exemple une dépréciation de la sexualité rendue incompatible avec le sacré, sans compter un antiféminisme rampant qui considérait la femme comme une tentatrice, donc un obstacle à éviter. N’insistons pas trop sur les raisons d’économie au bénéfice de l’Eglise.

-        On devrait même étudier la relation entre l’essor de la mariologie comme substitut féminin sans risque, dans un contexte où la femme normale était tenue à l’écart des liturgies et des liturges. Cf Marie gardienne de la fidélité des prêtres à leur célibat.

-         Notons enfin que la discipline du célibat obligatoire n’a pas toujours été respectée, loin s’en faut, surtout à certaines époques, même dans les hautes sphères de la hiérarchie.

-        Le célibat est un très beau charisme, mais il ne peut se vivre, à mon avis, que dans le cadre d’un libre choix, pour qu’il soit un service authentique et procure aussi une certaine forme de bonheur.

-         

Ministères ordonnés féminins

Quant aux ministères féminins, il faudrait commencer par mettre en pratique une évidence : dans tous les services d’Eglise possibles pour les laïcs, il n’y a aucune raison d’en exclure les femmes, lesquelles sont des humains comme les autres.

Pour les ministères ordonnés, c’est un non clair et net de la hiérarchie catholique jusqu’à ce jour. Cf. Paul VI 1976  Jean-Paul II 1994  Rappel par le pape François.

Là aussi peut-être faut-il revenir au message du Nouveau Testament. On y trouve un paradoxe significatif certes, mais qu’il faut dépasser.

 Dans la société et la religion patriarcales qui dominaient alors, le Christ n’a choisi ses apôtres que parmi les hommes. Mais par ailleurs il a fait montre d’une incroyable liberté prophétique dans ses relations avec les femmes.

 Plusieurs le suivirent comme disciples, et jusqu’au bout. Lc 8

 Il a touché et a été touché par plusieurs femmes en public. Jn 12  Lc 7 

Jésus a dialogué ouvertement avec la Samaritaine en la transformant en missionnaire auprès de sa ville.  Jn 4

 Il a accepté Marie de Béthanie comme étudiante à ses pieds. Lc 10 

 Marie de Magdala est devenue l’apôtre des apôtres au matin de Pâques. Jn 20 

 Et tout cela, le plus souvent, en assumant les réprobations de la gent masculine patriarcale qui le jugeait.’ Y compris les apôtres.

On peut faire la même constatation chez Paul. Dans la gérance concrète des communautés, il réagit en homme de son temps.

 Les femmes doivent se taire dans les liturgies, I Co 14 ;  elles doivent porter un voile I Co 11   et modérer leurs interventions I Tm 2 ; elles sont évidemment soumises à leur mari.  I Co 11   Ep 5 .

Mais quand Paul se place au niveau des principes, c’est tout différent. Il a cette phrase révolutionnaire, basée sur la merveilleuse nouveauté de l’appartenance au Christ : « Dans le Christ, il n’y a plus le juif et le grec, ni l’homme libre et l’esclave, ni l’homme et la femme. Tous ne font qu’un dans le Seigneur ».   Gal 3,26-28 

Dans la communauté chrétienne, aucune discrimination basée sur ces différences n’est admissible.

Il faut donc choisir aujourd’hui, ou la veine traditionnelle ou la veine prophétique.  Tout nous appelle, dans l’Eglise et dans la société d’aujourd’hui (Cf un certain féminisme comme signe des temps), à préférer résolument la veine prophétique.

 

Personnellement je ne vois rien dans le Nouveau Testament qui puisse justifier définitivement le fait qu’un bien du royaume, qu’on appelle une grâce -par exemple la possibilité d’accéder à tous les ministères - soit interdite par principe à quelque baptisé que ce soit, et surtout pas parce que ce chrétien est une femme. Une telle discrimination me semble injuste, même théologiquement.

Petite statistique

Avant d’oser, avec prudence et humilité, quelques conclusions personnelles, voici une petite statistique qui peut faire réfléchir :

Dans le canton de Fribourg, au 31 décembre 2022, il y avait 63 prêtres en pastorale, dont 38 venus de l’étranger, soit le 60%. Les prêtres dits retraités sont au nombre de 41. Les femmes en pastorale sont 121, mais avec un équivalant plein temps de 58. Les hommes sont 60. Les diacres une dizaine. Les séminaristes pour tout notre diocèse 5.

En Europe, il faudrait qu’il y ait 12,5 séminaristes pour 100 prêtres si l’on voulait simplement leur remplacement à terme. Ils sont actuellement 9 pour 100.

 

A mes risques et périls

Il nous faut toujours repartir du baptême, de sa riche théologie et de sa profonde spiritualité. Ce qui suppose qu’on reconnaisse à tout baptisé sa pleine dignité et la beauté de sa mission, quelle s’exerce dans l’Eglise ou dans la société, et jusqu’aux périphéries.

 Quoi de plus chrétien que liberté, égalité et fraternité. Ce qui suppose, de la part de tous, une conversion permanente vers un certain état d’esprit, celui de l’humilité dans les services, contre tous les cléricalismes, chez les clercs, mais aussi chez les laïcs. Un travail de tous, « car il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale  dont nous avons besoin… Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. » Pape François  Lettre au peuple de Dieu  20 août 2018

Il est temps de rendre à Dieu toute sa liberté d’appeler, de faire signe parmi tous les baptisés pour, éventuellement, tous les ministères.  Moyennant ensuite discernement rigoureux, formation exigeante, prise en compte des besoins de la communauté et des charismes des personnes, appel et envoi en mission, sans oublier l’accompagnement subséquent.

Des clefs de mise en pratique partielle existent déjà, par exemple la distinction entre ministères institués (engagement durable, reconnaissance par la communauté, envoi liturgique en mission), les ministère reconnus (moins exigeants que les premiers) et les ministères bénévoles, qui sont si précieux dans nos communautés. Un bouquet ministériel qui n’exclue ni ne marginalise aucune fleur !

Plus que jamais, par les temps qui courent, il nous faut reconnaître, respecter et honorer les charismes et les compétences des laïcs.

Actuellement, des opérations de suppléances de leur part doivent être suscitées et bien accueillies, par exemple pour l’animation des communautés privées de prêtre proche, la prédication liturgique et certaines célébrations, y compris eucharistiques  Cf ADAP, sacrement des malades….  Sans oublier les diacres dont il faut redéfinir et amplifier leurs missions.

Il faut oser re-promouvoir, dans la dynamique du prochain synode à Rome, les souhaits exprimés il y a 50 et 20 ans par les synodes de chez nous, notamment en ce qui concerne le ministère presbytéral, y compris pour les femmes.

Il y a un peu de cet esprit dans le texte des vœux de Suisse apportés à Rome en vue du synode prochain :  appel au partage du pouvoir dans l’Eglise sur la base du sacerdoce commun des baptisés, avec accueil à tous, hommes et femmes, divorcés ou non, pauvres, LGBT, et  un appel à reconnaître pleinement le rôle des femmes dans l’Eglise. Synodalia 1 p. 3

La comparaison n’est pas entièrement pertinente, mais chez nos frères et sœurs réformés de Suisse romande, 40 % des pasteurs sont des pasteures, et on ne s’en plaint pas.

Pas facile pour les prêtres -et aussi les laïcs- de sortir du cléricalisme. Je crois beaucoup au rayonnement réformateur, du dedans, chez celles et ceux qui, dans la variété de leurs vocations et engagements, prient ensemble, méditent la parole de Dieu ensemble, célèbrent l’eucharistie ensemble. C’est la base de la fraternité ministérielle inclusive.

Expérience faite, je sais les bienfaits que procurent de belles amitiés entre prêtres, mais aussi avec les laïcs, hommes et femmes, quand on est des partenaires dévoués et loyaux dans l’apostolat au service de l’Evangile en Eglise et pour toute l’humanité.

Terminons par ces mots de l’apôtre Paul, qui disent l’essentiel :

I Co 3, 22-23      Tout est à vous, Paul, Apollos ou Céphas, le monde, la vie ou la mort, le présent ou l’avenir. Tout est à vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu.                                                                                                                                                                       II Co 4,5. Non, ce n’est pas nous que nous prêchons, mais le Christ Jésus, Seigneur. Nous ne sommes, nous, que vos serviteurs à cause de Jésus.

Tout est dit !

 

Claude Ducarroz                                                                               23 mars 2023

 

 

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